Dans ce long-métrage muet de 1925, Eisenstein retrace l’histoire vraie de la mutinerie du cuirassée Potemkine qui eut lieu en 1905. Sa version de faits est néanmoins très dramatisé est considéré comme un des plus grands films de propagande de tous le temps. Le film est composé de 5 actes qui dissèquent la trame narrative telle une pièce de théâtre.


Ce film est en effet une (magnifique) apologie du communisme. Dès le début, lorsque les marins commencent à se plaindre de la viande pourrie, grouillante de larves, qu’on leur demande de manger, les officiers apparaissent comme figures oppressantes. Le moral est bas sur le navire et les marins commencent à ne plus en pouvoir de devoir se contenter de manger ce que



même des chiens ne mangeraient pas.



D’un accord commun, le navire boycott le borscht préparée à base de cette viande immonde.
En parallèle, en faisant la vaisselle des officiers, un marin lave une assiette sur laquelle est inscrit la phrase religieuse



Donnez-nous notre pain de ce jour.



Le marin affamé craque et détruit l’assiette violement. La religion sera d’ailleurs bien raillée dans le film car le prêtre du navire est présenté comme un lunatique lâche.


Lors du deuxième acte le capitaine du navire ainsi que les officiers veulent exécuter tous ceux qui auront boycotté le borscht. Ceci est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les marins s’organisent entre eux pour lutter contre les soldats venus exécuter une douzaine d’homme en tant qu’exemple. Le marin Vakulinchuk, instigateur de la révolte, lance un « Frères !» plein d’autorité et rappelle aux soldats sur qui ils sont en train de tirer. Cet appel fait douter les soldats qui finissent par baisser les armes.
A partir de ce moment, une bagarre générale affronte les marins aux officiers qui sont en minorités et ne peuvent que battre en retraite. Le marin « héro » Vakulinchuk sera cependant abattu lâchement par un officier. En tombant, le marin s’emmêle dans des cordes et reste suspendu à une poulie ce qui donne lieu à une magnifique image des autres marins venant à son secours.


Une fois de plus, la symbolique du communisme est omniprésente lors de cet acte. Les officiers en noirs représentent le mal, alors que les marins, le peuple, est en blanc et cherche uniquement à avoir des conditions de vie égales à celle des officiers. Les officiers ainsi que le capitaine deviennent lâches une fois que le pouvoir leur échappe et ne sont plus rien. Le quartier des officiers est saccagé et l’on voit une autre image forte en communisme, le luxe de la bourgeoisie détruit. Un piano éclaté, des bougies éparpillées partout… Les marins ont pris le pouvoir. L’image la plus forte en symbolisme du film apparait alors quand le drapeau rouge est hissé au mat du navire. La seule couleur du film, le rouge, du drapeau communiste.


Suite à la mort de Valkulinchuk, son corps est disposé sur le port d’Odessa avec le panonceau « Pour une cuillérée de borscht ». La population de toute la ville défile devant ce héro tombé au combat contre l’oppresseur. Ainsi, le sentiment de révolte gagne toute la ville qui accueille alors le Potemkine comme des héros.


De cet acte de transition, le film passe ensuite à une scène mythique du cinéma, « L’Escalier d’Odessa ». L’entièreté (quasiment) de l’acte se déroule sur ces escaliers gigantesques de la ville sur laquelle tout le monde est posté pour saluer de loin le Potemkine. Surgit alors les soldats de la garde impériale, qui procèdent à un véritable carnage des citoyens. Le communisme est ici mis en avance, en contraste, par le manque d’humanité des soldats impérialistes. Tels des machines, les soldats n’hésitent pas une seconde à tirer sur femmes, enfants et vieillards.


Cet acte donne aussi naissance à la scène reprise par la suite, du landau qui dévale les escaliers. Cependant, contrairement à la version de Brian De Palma dans Les Incorruptibles, personne n’est là pour sauver le bébé, la mère étant assassinée juste avant et tout le monde étant occupé à fuir le massacre, on ne peut qu’imaginer le pire.


La tension culmine lors du dernier acte lorsque les marins du Potemkine s’apprêtent à affronter les escadrons impériaux. Finalement, ceux-ci contestent également les ordres des tsars et vont à la rencontre du Potemkine pour les accueillir en triomphe.


L’histoire est évidemment dramatisée pour sous-ligner l’aspect inhumain des impérialistes et le côté humain et héroïque du communisme. La musique intense et rythmée permet de maintenir une dynamique dans le film qui du coup, ne connait aucun coup de mou, y compris lors de l’acte 3 qui est transitoire entre l’acte 2 et 4. Les cadrages sont incroyables, notamment lors de l’acte 2 et les scènes tournées sur le pont du navire.


La fraternité et l’humanité qui radie des marins victorieux est donc la plus belle des victoires et les tsars, oubliés, qu’un mauvais souvenir. Et tout ça pour une cuillérée de borscht…

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le 21 févr. 2016

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