Un restaurant français au coeur de Londres, traversé par d'élégants travellings latéraux qui nous font passer du bleu du parking au vert des cuisines, du rouge de la salle à la blancheur éclatante des toilettes. C'est l'unique décor de cette histoire étrange et grotesque de Peter Greenaway. Séduit par ce formalisme et par une mise en scène insolite et baroque, je suis resté néanmoins perplexe devant ce sujet théâtral auquel, trop rationnellement peut-être, on s'attache à trouver une signification.
Personnage charismatique du récit, le mari tyrannique, propriétaire du restaurant en même temps que fidèle client, est une sorte de potentat shakespearien excessif dans la vulgarité et la brutalité. Sans doute, le film est une fable par laquelle le cinéaste montre crument l'intarrissable désir humain de jouissance et ses pulsions primitives dégradantes.
Malheur à ceux qui se distinguent par l'amour, la culture. Dans cet espace confiné et délicat, les mets succulents imaginés par le cuisinier (Richard Bohringer) semblent voués à n'être, selon la formule consacrée, que de de la confiture aux cochons, dans une représentation de cohabitation du bon goût et du mauvais.
Volontiers provocateur et extravagant, Greenaway, complexe et imprécis, ne donne pas les clés de son univers au spectateur.