Collection "Tentations par mes éclaireurs" : -IgoR-
Il y a le « voleur », grossier, violent, n’acceptant pas qu’on le contredise et selon lui gourmet, il est propriétaire d’un grand restaurant fréquenté par une clientèle huppée et dont le chef est Richard, le cuisinier, discret, bafouillant un mélange d’anglais et de Français et obéissant à contre cœur mais sans broncher au « voleur ». Il s’entend bien avec la femme de ce dernier qui a un palet fin, des gouts raffinés mais discrète et soumise à son mari qu’elle ne supporte guère. Sous l’œil de Richard, elle rencontrera « l’amant ».
Peter Greenaway met en scène tout ce petit monde commençant (après une première scène assez violente) doucement (mais de très belle manières) pour monter peu à peu dans la violence, de l’érotisme et du sadisme. Esthétiquement c’est superbe, on est vite plongé dans son monde et sa totale maitrise de la caméra. Toutes les images et les cadres sont truffés de détails souvent savoureux, son utilisation des couleurs est exquise, tout comme ses mouvements de caméra, sa maitrise technique (notamment ses travelings !) et son utilisation de l’excellente musique de Michael Nyman. Visuellement c’est un régal et en même temps on commence par prendre plaisir à suivre ses personnages, notamment le voleur, bien bruyant et incorrect et sa belle, sensuelle et discrète.
Mais Greenaway n’oublie ni les seconds rôles, ni le déroulement de l’histoire qui va assez prendre une toute autre tournure lorsque le voleur se rendre compte de ce qui se passe. C’est bien orchestré avec des personnages et des enjeux intéressants. De plus il est bien servi par d’excellentes interprétations, que ce soit l’ignoble Michael Gambon, Richard Bohringer ou la très sensuelle Helen Mirren.
Le film est captivant de bout en bout, sans longueur et c’est un réel plaisir cinématographique de suivre cette histoire mettant en avant la difficulté des rapports humains avec un esthétisme inventif et superbe.
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