Le Cygne
6.4
Le Cygne

Court-métrage de Wes Anderson (2023)

J'aime beaucoup les films de Wes Anderson, son style singulier et charmant, aussi bien dans la narration que dans l'esthétique, et sa manière de rendre ses personnages attachants et leurs histoires touchantes. J'ai vu ses 4 courts-métrages adaptés des nouvelles de Roald Dahl, et Le Cygne est celui qui m'a le moins plu.

Les 4 films ont de nombreux points communs, on retrouve l'esthétique et le style de Wes Anderson, et à chaque fois l'histoire est racontée par un narrateur qui joue également un personnage. La mise en scène est presque plus théâtrale que cinématographique et le parti pris de montrer les décors comme ce qu'ils sont, laissant même par moment volontairement apparaître leur envers, m'a donné la curieuse impression de voir les scènes se dérouler sur un plateau plutôt que derrière un écran. L'utilisation d'accessoires imaginaires, le figement des scènes et des acteurs lorsque le narrateur prend la parole, et l'intervention récurrente de "faux" techniciens et autres accessoiristes, contribuent largement à renforcer cet effet.

Sur tous ces points, Le Cygne est doté des mêmes atouts que les 3 autres courts-métrages. Là où il se distingue, négativement à mon sens, c'est dans la nature même de l'histoire qui nous est racontée. A ce stade, même si je ne vais pas à proprement parlé spoiler l'histoire, je vous recommande quand même d'avoir vu le film avant de lire la suite.

Si comme je le disais au début, Wes Anderson m'avait habituée à des personnages attachants aux histoires touchantes, c'est un peu moins le cas de cette série de courts-métrages, le format court étant de fait moins propice au développement de personnages. Mais les 3 autres ont en commun de raconter des histoires surprenantes ou du moins curieuses, ce qui selon moi n'est pas le cas de celui-ci. Le Cygne raconte l'histoire cruelle d'un petit garçon torturé par deux brutes, avec jusqu'à la fin, la fatalité d'un triste fait divers. Je n'ai pas vraiment réussi à rentrer dedans, si bien que j'en suis sortie sans avoir vraiment ressenti quoique ce soit, pas même le dégout ou la révolte qu'aurait pu susciter le triste sort de ce pauvre garçon, et encore moins la claque décrite par certains en commentaire. C'est sûrement plus dû à la nouvelle dont le film est adaptée, qu'à la réalisation, et il est probable que la nouvelle elle-même (que je ne connais pas) ne m'aurait pas plu non plus. Néanmoins, je note une différence de taille avec les 3 autres films, qui a pu contribuer à ma difficulté d'immersion, c'est le fait que les personnages ne soient quasiment pas du tout incarnés, le narrateur joue tous les rôles et prête sa voix à tous les personnages. Et bien que je n'ai rien à reprocher au jeu de Rupert Friend, cela m'a gênée, les autres acteurs semblent ne faire que de la figuration et cela contribue à la froideur générale.

La touche fantastique sur la toute fin, probablement censée clore l'histoire sur une note poétique, tombe comme un cheveux sur la soupe, et ne parvient pas à compenser la trivialité du récit qui la précède.

En conclusion, malgré le style Wes Anderson bien présent et toujours aussi agréable, Le Cygne m'a laissée de marbre, et c'est peut-être le pire constat qu'on puisse faire d'un film...

paradoxism
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le 8 janv. 2024

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