Le pain, le bourre-pif, le coup de poing

Ce poliziottesco est en fait la suite "Roma a mano armata", sorti l'année précédente, qui avait rencontré un joli succès. Pas de panique, aucun besoin de l'avoir vu pour apprécier "Il cinico, l'infame, il violento". Le seul lien entre les deux films est le héros, Tanzi, joué par Maurizio Merli. Il y a bien aussi Tomas Milian en méchant, mais celui-ci ne joue pas le même personnage.

Commissaire cogneur dans le premier volet, Tanzi a maintenant quitté la police et est devenu... écrivain (!). Mais l'évasion d'un dangereux criminel le sort de sa retraite. Tandis que le bandit décide de s'acoquiner avec un parrain de la pègre, pour mieux le renverser.

J'étais dubitatif devant cette suite, ayant moyennement apprécié "Roma a mano armata". Et pourtant c'est une jolie surprise ! On est dans un poliziottesco mené sur les chapeaux de roue, entre règlements de compte, poursuites, braquage, trahisons et autre coups fourrés. Ceci grâce à un scénario qui fonctionne plutôt bien pour le genre, alimenté par ces 3 personnages salaces.

Tanzi, l'ex-flic plus ou moins flic quand même, qui mène ses enquêtes avec malice mais sans finesse. Se faire passer pour mort en début de film ne l'empêche pas de s'exhiber et castagner du menu fretin. D'ailleurs il dégaine des pains dans la tronche plus vite que son ombre, à se demander si c'est sa carte de visite. Une constante qui en devient presque drôle. Maurizio Merli et sa moustache apportant toujours du charisme à ce héros violent.

Le parrain cruel, joué par un John Saxon qui semble s'amuser. Un personnage malheureusement en retrait, victimes de quelques ellipses du récit (coupure ? flemme des scénariste ?). Mais qui offre des scènes amusantes, dont une exécution au golf (!) qui a inspiré d'autres films de gangsters.

Le bandit Maietto, un grand cynique qui reste sobre mais en réalité capable du pire. On est loin du bossu crasseux, sociopathe et profane que Milian incarnait dans le film précédent. Mais l'acteur sait rendre ce méchant rapidement détestable.

On peut s'étonner du fait que Tanzi et Maietto ne se rencontrent jamais (!). Si ce n'est dans le final, où ils s'affrontent enfin... et encore de loin. En réalité, Maurizio Merli et Tomas Milian se détestaient cordialement, l'ambiance du tournage avait été très compliqué sur le premier film. Umberto Lenzi a malgré tout repris les deux acteurs, je le soupçonne d'avoir bricolé son récit pour éviter toute rencontre. Pourquoi pas, cela lui a permis d'élaborer des sous-intrigues.

Je signale aussi la BO, éminemment sympathique et rythmée, à l'image du film, et typique du cinéma d'exploitation italien des 70's. Ainsi que ce générique, qui ressemble furieusement à la future intro des films "Naked Gun" des ZAZ - le trio américain auraient-il parodié les Italiens ?

On y retrouve également l'ambiance bien macho de l'époque, les femmes étant surtout là pour se dénuder et/ou recevoir des coups. Au milieu de dialogues bien fleuris.

A noter que pour une fois, les placements produits ne cherchent pas à nous vendre du whisky J&B, mais du crodino, une boisson soft amère typiquement italienne. Une originalité singulière !