Cette année, Quentin Tarantino nous a livré son témoignage du meurtre de Sharon Tate qui marqua tant Hollywood en pleine années 60, non sans déclencher quelques polémiques. Brian De Palma effectua lui-même son voyage dans Los Angeles avec un crime morbide qui remonte aux années 40, l'affaire du "Black Dahlia".
Il s'agit de l'adaptation du roman du célèbre écrivain James Ellroy (auteur de L.A. Confidential), The Black Dahlia, à l'origine dirigé par David Fincher, qui le confia finalement à Brian De Palma. Erreur fatale.
Brian De Palma est un grand réalisateur. On peut critiquer ses films, même ses plus célèbres comme Scarface, mais on ne peut pas nier son talent. Mais un talent n'est rien si l'on utilise mal, et un tournage chaotique peut détruire un film. C'est le "production hell", l'enfer de la production.
Plus le film avance, le chaos devient évident et le film médiocre. Dans la première demi-heure, j'écrivais déjà mentalement une critique défensive d'un film injustement mal-aimé, dans la dernière heure mon avis baissait de plus en plus, pour me rendre compte finalement que le scénario était mauvais depuis le début.
Tandis que Tarantino a traité le meurtre de Tate de manière purement subversive et déjantée, propre à déclencher des scandales, De Palma appréhende une vision sérieuse mais fictive d'un féminicide dont la clé est toujours inconnu. Mais le film rate complètement sa narration, perdant le spectateur. Tout va trop vite. De l'amitié entre Blanchard et Bleichard, jusqu'à la famille étrange et effrayante de Madeleine, tout est évoqué, mais tout est éclipsé, un peu à la manière de la scène du combat de boxe. Cette scène aurait pu développer en longueur les différences des deux amis, Mr. Fire et Mr.Ice, mais ne fait qu'user des fondus enchaînés, qui envahissent le film, au point où cela devient irritant.
Au début du film, je voyais un film intelligent sur L.A., la fine limite entre le héro et le anti-héro, l'obsession. Finalement, je me suis retrouvé avec un vulgaire pastiche de film noir qui passe plus son temps à montrer ses personnages faire l'amour qu'à les développer, faire du cinéma.
Toujours restera-t-il quelques plans intéressants, comme des séquences à vue subjective ou imbibées du style De Palma, et une belle reproduction de Los Angeles des années 40, mais le film reste médiocre.