Sur le papier ce film a pourtant tout pour me déplaire. C'est absurde, c'est presque un one-man show et l'acteur principal porte le blouson en daim le plus laid de l'histoire de la maroquinerie (modèle femme évidemment).
Sérieusement, qui a imaginé cette collection de franges vaguement déguisée en vêtement? Mon sapin de Noël a moins de guirlandes que cette horreur. C'est l'oeuvre d'un esprit malade à ne pas s'y tromper.
Mais c'est donc le vêtement parfait pour Georges (Jean Dujardin) puisqu'il a lui même un pète au casque des plus inquiétant. Un grain de folie ça donne du charme mais Georges n'a pas un grain. Non, non, non, il a une tout une grappe! Une vigne! Un domaine! Avec appellation village incluse! Les fous c'est gentiment drôle jusqu'au moment ou ils découvrent la détermination et Georges... et bien Georges a un projet.
Être le seul à posséder un blouson.
Il faut être fou pour avoir un projet aussi fou. Ca tombe bien, c'est sa qualité première. Léger problème toutefois, il a dépensé toutes ses économies dans son "style de malade" made in Italy. Mais il est assez peu préoccupé par ces considérations matérialistes. Quand on a un style pareil, on a besoin de rien d'autre. À part peut être cette paire de chaussure pur daim pour aller avec?? Pas de synthétique merci, ne l'insultez pas
J'ai véritablement été agréablement surpris. Dujardin joue un rôle d'adulte-enfant complètement paumé qui se raccroche à sa dernière acquisition. C'est certes ridicule et personne ne s'intéresse à son blouson mais chacun pourra y retrouver quelque chose qu'il connait. Vous avez tous déjà été convaincu que votre dernier sac de marque, votre voiture neuve, vos nouvelles bottes, allait impressionner tout le monde alors qu'en vérité... tout le monde s'en fout de votre blouson en daim.
Le personnage de Denise (Adèle Haenel) est complémentaire de Georges puisqu'elle lui apporte l'énergie qui lui manque. Sa folie à elle c'est le cinéma, elle hyper-intellectualise les images à la façon dont une bonne partie des cinéphiles intellectualise le travail de Dupieux à chacun de ses films. Le réalisateur était présent à la fin de la séance et lors du Q&A ça n'a pas manqué, on balance les comparaisons à tour de bras : Hitchcock, Taxi Driver, etc.. Il est donc bon de rappeler que ce film ne se prends pas au sérieux un instant et c'est d'ailleurs pour ça qu'il fonctionne. L'histoire de ce doux dingue perdu dans un lieu non identifié à une période non identifiée nous parait tellement alien qu'on peut rire des horreurs qu'il commet puisque rien de tout cela n'est vrai. La salle éclate de rire lorsque Dujardin balance une caillasse à la tête d'un môme !
En bref, Le Daim est un divertissement qui saura vous surprendre pourvu que vous lui laissiez une chance. Alors attachez vos ceintures et laissez Georges vous mener droit dans le mur. N'espérez ni hésitation ni détour, il fonce pied au plancher pour notre plus grand plaisir.
[Vu dans les cadre des Cinexperiences, merci SensCritique]