Georges fait partie de ces quarantenaires en crise qui ont le « courage » de tout quitter, en laissant le boulot derrière eux ainsi que la femme au foyer afin de se ressourcer dans un petit village isolé de la montagne. A son arrivée, il fait la folie de s’acheter une veste à franges confectionné en Daim, comme ceux des indiens dans les vieux westerns américains. La classe à Dallas, ou « un style de malade » pour mieux le paraphraser. Il l’aime tellement son blouson qu’il passe des heures à contempler son reflet dans le miroir de sa chambre, à tel point que toute sa vie tourne désormais autour de sa veste auquel il prête sa voix et lui invente une quête existentielle, celle d’être le dernier manteau sur Terre.
Si de prime abord l’apprenti cinéaste interprété par Jean Dujardin parait charmant, et que les gens accepte volontiers de retirer leur manteaux pour se prêter au jeu de sa caméra en l’échange d’un petit billet, d’autres ne l’entendent pas forcément de cette oreille à cause du froid. Quant il lapide un pauvre gamin à coup de pierre pour avoir osé le regarder, son acte vient confirmer les doutes portés sur ses névroses de sociopathe, car Georges va déraper et rapidement se laisser entraîner dans une frénésie meurtrière. Parallèlement à ses assassinats, une serveuse qui s’intéresse à son projet va financer la production de ses essais filmiques et monter ses rushs afin de créer une histoire sans scénario selon son propre point de vue de spectatrice et c’est là l’essence même de son réalisateur Quentin Dupieux rompu à cet exercice de style qui par l’absurdité de ses récits tentent de piéger et de se moquer ouvertement des critiques qui tenteraient d’analyser ses œuvres et d’y trouver un sens caché.
Il s’agira pour certain d’un vide à combler, une thématique que l’on retrouve d’ailleurs dans d’autres œuvres du cinéaste tel que Wrong ou Réalité, il est vrai que la création peut naître d’un sentiment de manque affectif, tandis que pour d’autres, le film questionne notre propre fétichisme, ce qui est d’autant plus vrai quant on voit le rapport qu’entretien Georges avec ses vêtements. L’auteur de ses lignes pointera du doigt une facilité à vouloir faire n’importe quoi sans se soucier d’une quelconque forme de dramaturgie ou en reniant ouvertement les constats sociologiques amère et critique que le réalisateur insère pourtant volontairement dans ses œuvres. C’est d’ailleurs pourquoi il convient de dresser un parallèle sur la personnalité de Quentin Dupieux peut-être tout aussi misanthrope et contestataire que Georges avec lequel il partage cette démarche créative malade et obsessionnel, un peu comme l’auteur de ses lignes avec sa quête nonsensique d’écrire des critiques de manière compulsive emprunte des expériences de vie ô combien frustratrices. Ouep, je devais peut-être songer à consulter un psy.
Si toi aussi tu es un gros frustré qui en a marre de toutes ces conneries, eh bien L’Écran Barge est fait pour toi. Tu y trouveras tout un arsenal de critiques de films subversifs réalisés par des misanthropes qui n’ont pas peur de tirer à balles réelles.