Le Démantèlement par Francis Janvier
Cette relecture du Père Goriot version terroir québécois doit sa qualité surtout à ses acteurs formidables, en particulier Gabriel Arcand dont le seul regard plein de tendresse et de mélancholie suffit à bouleverser. C'est tout de même très lent et beaucoup axé sur la beauté du décor et l'image très léchée, et l'histoire en elle-même n'est pas des plus intéressantes, malgré de belles réflexions sur l'amour inconditionnel d'un père pour ses "princesses", sur la passation du patrimoine familial et sur l'envie de faire ce que l'on souhaite réellement. Au départ, on éprouve de la pitié pour cet homme qui se fait manipuler et qui en vient à tout laisser tomber pour aider une fille qui vit déjà sa vie loin de lui, mais on apprend vite à le connaître, à le comprendre et à approuver son choix. Comme il le dit si bien, sa vie ce n'est pas sa ferme, ce sont ses filles, et il est prêt à tout pour les rendre heureuses, pour qu'elles puissent vivre la vie qu'elles souhaitent mener, quand bien même d'autres options s'offriraient à elle (Marie refuse catégoriquement de venir s'installer à la ferme et veut que ses enfants grandissent dans sa maison ; égoïste, peut-être, mais totalement compréhensible). Il est facile de critiquer l'amour "déraisonnable" de Gaby, mais ne ferions-nous pas tous la même chose dans pareille situation ? Je sais personnellement que je me saignerais à blanc pour mes futures enfants, quand bien même ils agiraient de façon égocentrique.