La belle aux armes
-Il est toujours agréable d’avoir le choix dans la date- Ça fait déjà un bon moment que je ne peux regarder un film sans prendre au préalable connaissance de son année de sortie. Cette habitude,...
Par
le 5 déc. 2013
34 j'aime
29
Libre adaptation de la courte nouvelle Gun Crazy, rédigée en 1940 par MacKinlay Kantor, le long-métrage Le Démon Des Armes est devenu culte au fil des années, malgré son échec commercial lors de sa sortie au début de l'année 1950. La principale raison de l'idolâtrie de la part de nombreux cinéphiles revient certainement au personnage de Laurie Starr, superbement interprétée par Peggy Cummins, ainsi qu'à la créative réalisation de Joseph H. Lewis, dont un fabuleux plan séquence de près de 10 minutes, relatant le braquage d'une banque filmé à l'arrière d'un véhicule, qui est, depuis, entré dans les annales. Doté d'un budget très serré, Lewis invente perpétuellement des plans insensés qui inspireront de nombreux cinéastes et qui érigeront Le Démon Des Armes au rang des films mythiques du genre Noir, éclipsant ainsi ses nombreuses maladresses.
Car des maladresses, l’œuvre en est bien évidemment pourvue au sein de sa structure narrative et Lewis semble avoir pleinement conscience de certaines faiblesses du scénario. Il décide alors d'érotiser l'ensemble à l'aide d'une atmosphère puissamment licencieuse, provenant surtout de Laurie, exceptionnelle tireuse d'élite dont chaque coup de feu symbolise une forme de plaisir sexuel et dont l'apogée orgasmique se personnifie dans le meurtre. Un personnage aussi fascinant que passionnant, à la personnalité aussi attachante que répugnante, dont Arthur Penn se souviendra pour le personnage incarné par Faye Dunaway dans le célèbre Bonnie Et Clyde produit 18 ans plus tard.
Du haut de ses 1m55, Peggy Cummins domine intégralement le métrage, aidée, il est vrai, par un travail audacieux quant à quelques détails physiques tels que ses costumes et son maquillage. Aux côtés de John Dall, elle forme un couple magnifique de passion douteuse, n'hésitant pas à lui signifier qu'elle le quittera si elle ne mène pas la luxueuse existence dont elle rêve. Mais au-delà de l'argent et de la superficialité des bijoux et autres fourrures, c'est essentiellement l'excitation propre à ses pulsions meurtrières qui offre un cachet inédit au personnage. Et parce qu'ils forment un si beau couple et parce qu'ils vont ensemble comme des armes et des munitions, l'intensité de leur amour naissant n'en reste pas moins propice à une folie furieuse quasi-immédiate, flagrante et explosive. En ce sens, leur rencontre lors d'un spectacle forain de style western reste peut-être l'un des plus beaux coups de foudre de l'Histoire du cinéma.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mes films / BD & DVD, Films visionnés en 2023 et Film Noir
Créée
le 24 août 2023
Modifiée
le 26 nov. 2024
Critique lue 42 fois
6 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur Le Démon des armes
-Il est toujours agréable d’avoir le choix dans la date- Ça fait déjà un bon moment que je ne peux regarder un film sans prendre au préalable connaissance de son année de sortie. Cette habitude,...
Par
le 5 déc. 2013
34 j'aime
29
Film du début des années 50, Le démon des armes n'est pas pour autant dépourvu de nombreux éléments qu'on retrouvait jadis dans les films pré-code Hays tout en réussissant le tour de force de rester...
Par
le 14 juil. 2012
25 j'aime
1
Libre adaptation de la courte nouvelle Gun Crazy, rédigée en 1940 par MacKinlay Kantor, le long-métrage Le Démon Des Armes est devenu culte au fil des années, malgré son échec commercial lors de sa...
Par
le 24 août 2023
6 j'aime
1
Du même critique
Adaptation filmique de la BD franco-belge La Grande Odalisque, elle-même très inspirée par le manga Cat's Eye, Voleuses est un divertissement made in France qui vise essentiellement le grand public...
Par
le 1 nov. 2023
29 j'aime
2
J'avoue ne pas comprendre le principal reproche fait à Rue Barbare. "Ça a vieilli" peut-on lire de-ci de-là. Bah oui, normal, le film fêtant ses 40 ans cette année, il n'est plus tout jeune...Au-delà...
Par
le 21 sept. 2024
10 j'aime
7
En prenant à bras le corps le sujet tout autant féministe que philosophique de Pauvres Créatures, Yórgos Lánthimos aurait pu sombrer dans l'apologie stéréotypée de la féminité. Sauf que le cinéaste...
Par
le 20 janv. 2024
10 j'aime
8