Cela peut paraître incroyable au regard de ses derniers efforts et de la multitude de bouses infâmes qu'il produit mais Luc Besson a eu un jour de l'ambition. Celle de réveiller un cinéma français sclérosé, se reposant sagement sur ses acquis. L'ambition aussi de battre les américains sur le terrain du spectacle et l'émerveillement. Chose qu'il ne réussira jamais mais bon, c'était pas faute d'essayer.

Tiré d'un court-métrage et lauréat de deux prix à Avoriaz en 1983, "Le dernier combat" est une sorte de post-apo tourné à l'économie et pratiquement dénué de paroles (nous n'auront droit qu'à un "bonjour" en une heure et demie de métrage), nous plongeant dans un monde ravagé par une catastrophe qui nous restera inconnue, où l'homme est réduit à l'état d'animal muet et privé de la moindre femelle.

Bénéficiant d'un superbe scope en noir et blanc, Besson, avec la complicité de Pierre Jolivet (ici scénariste et comédien principal) et d'une équipe visiblement motivée, va parvenir à exploiter à la perfection son maigre budget et recréer un univers crédible et désolé, que l'on imaginerait sorti tout droit d'une histoire de "Metal hurlant". Maîtrisant parfaitement sa mise en scène et épurant son récit au maximum, Besson se fait plaisir et instaure une ambiance funèbre et envoûtante, baignant son film dans un pessimisme qui fait froid dans le dos même s'il n'oublie pas de laisser quelques lueurs d'espoir en ce qui concerne l'humanité (voir l'amitié touchante liant Jolivet à Jean Bouise) et de faire preuve d'un certain humour.

Bien que traînant sérieusement en longueur à mi-parcours et pollué par la bande-son déjà envahissante d'Eric Serra, "Le dernier combat" est non seulement un premier film efficace doté d'un casting de véritables gueules (on y croise un Jean Reno débutant mais déjà impressionnant) et visuellement aboutie dans ses limites budgétaires, mais est également une belle proposition de cinéma pour l'époque, celle d'un grand gamin ayant encore de beaux rêves plein la tête.
Gand-Alf

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