Le dernier des hommes incarne ce que le cinéma muet peut offrir de mieux.
Ici, pas la moindre fioriture (comprendre "intertitre") pour expliquer ce qu'on y voit, contrairement à la plupart de ses contemporains. Rien qu'un seul et unique texte, hilarant, généreusement situé à l'épilogue. Rien d'autre, en somme, qu'une narration limpide, véhiculée par l'esthétique et exclusivement par elle, grâce à la prodigieuse mise en scène de Murnau (ce sorcier).
Une prouesse absolue, à une époque où le grand écran se contentait encore d'une mélodie pianotée en guise de dialogue ; cette époque lointaine où le cinéma, avorton, balbutiait les prémisses de son langage et cherchait encore son identité.
Il en résulte une histoire d'une profonde clarté, dont le principal scénario s'écrit naturellement en soi, et qui charrie avec lui un concentré d'émotion pure.
C'est ainsi que Le dernier des hommes reste, en dépit du temps qui passe, un incontournable du septième art. "Si cela va sans le dire, cela ira encore mieux en le disant" disait Talleyrand.