Tourné en grande partie et pour la première fois dans la Cité interdite à Pékin, le film évoque le destin tragique du tout dernier empereur chinois issu de la dynastie mandchoue : Puyi, placé sur le trône à l'âge de 3 ans. Succès mitigé au box-office, il n'en demeure pas moins une expérience prodigieuse. Cette grande oeuvre cinématographique a été couronnée par de multiples récompenses notamment Césars 1988 du meilleur film étranger ; quatre Golden Globes 1988 : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleure musique et neuf Oscars 1988 : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté, meilleure photographie, meilleurs décors, meilleurs costumes, meilleure musique, meilleur montage, meilleur son. Ce film biographique réalisé par Bernardo Bertolucci (Le Dernier Tango à Paris, Beauté volée) est le premier volet de sa trilogie spirituelle et orientale complétée par Un thé au Sahara et Little Buddha. Dans le rôle de l'empereur John Lone (L'Année du dragon, Rush Hour 2) avec Joan Chen (Entre Ciel et Terre, 1911), Peter O'Toole (Lawrence d'Arabie, Troie), Ryūichi Sakamoto (Furyo, New Rose Hotel), Ric Young (Indiana Jones et le Temple maudit, Le Transporteur), Victor Wong (Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, Ninja Kids), Dennis Dun (L'Année du dragon, Prince des ténèbres) et à ses débuts Cary-Hiroyuki Tagawa (Mortal Kombat, Pearl Harbor).
1950, dans une gare de Mandchourie, un certain Puyi tente de se suicider dans les toilettes quand des souvenirs l'assaillent. En 1908, à Pékin, il n'est âgé que de trois ans quand l'impératrice douairière le sacre empereur. Les années passent et la République de Chine est proclamée. Puyi reste confiné dans la Cité Interdite où il noue une amitié avec son précepteur anglais Reginald Flemming Johnson. En 1924, il est expulsé de Pékin...
Superbement réalisé, ce film marque le retour à la réalisation de Bertolucci qui n'avait rien tourné depuis 1981 suite à l'échec de La Tragédie d'un homme ridicule. Retrouvant le souffle épique qui traversait 1900, il s'attache à retracer, sans complaisance et avec un regard non dépourvu d'ironie, l'itinéraire d'un homme qui, en passant de l'état de demi-dieu à celui de simple mortel, se redécouvre lui-même. Comme dans ses films précédents, Bertolucci dépeint un être à la recherche de son identité, quête d'autant plus difficile dans le cas de Puyi que tout et tous, à cause de sa position sociale, l'auront habitué dans un premier temps à ne pas s'en préoccuper. Le cinéaste trouve en John Lone, l'interprète idéal pour cet anti-héros hors du commun. Quant à Peter O'Toole, il renoue ici avec les personnages un brin excentriques qu'il affectionnait naguère et qu'il campe à la perfection. Ces deux acteurs constituent un des nombreux atouts de ce film majeur, somptueux et qui renoue avec le cinéma à grand spectacle.