Sujet passionnant du passage de l'Empire à la République chinoise en l'an 1912, en s'intéressant à la vie de son dernier empereur, Pu Yi - qui ne sera à 6 ans déjà plus qu'un symbole de son autorité passée, assigné à résidence -, ce biopic de Bernardo Bertolucci souffre selon moi de sa trop longue durée étant donné son trop peu de rythme...
Pourtant, le film débute plutôt bien. La tentative de suicide dans les toilettes d'une gare russe de l'empereur déchu, fait prisonnier, intrigue. Son enfance aussi. Surtout son enfance en fait. Les allers-retours narratifs entre celle-ci et son statut de prisonnier communiste fonctionnent plutôt bien. Le parallèle entre ses deux prisons - l'une dorée, l'autre communiste - également. Pu Yi fut donc enlevé à sa mère à l'âge de 3 ans, à l'imminence de la mort de l'impératrice, afin de succéder à l'empereur. Certains eunuques de la Cité Interdite auront beau devoir risquer l'empoisonnement, en tant que goûteur ou simple renifleur de caca du jeune empereur, lui courir après comme des idiots sans jamais pouvoir intervenir, l'empereur tout-puissant au sommet de sa tour d'ivoire - mais interdit de sortie depuis l'âge de 6 ans donc - ne découvrira le monde qu'à travers les enseignements de son précepteur écossais (charismatique Peter O'Toole). Pu Yi "retrouvera" son frère, mais sa mère continuera de lui manquer.
C'est beau, notamment au niveau des décors et des costumes, et agréable à suivre. Et puis l'empereur mandchou grandit, se rebelle sur les planches dorées de son "théâtre sans public", mais il n'oublie pas de nous rappeler les bonheurs de la polygamie au cours d'une scène magnifique sous les draps de satin de la chambre impériale - après s'être marié deux fois à l'impératrice et à une seconde épouse sur catalogue. Mais après que les eunuques se révoltent en raison de son pouvoir grandissant, qu'il les chasse à l'aide de l'armée républicaine, l'empereur se fait expulser du palais - en plein tennis, ça se fait pas ! - en raison de l'arrivée au pouvoir de Tchang Kai-Chek.
Voilà donc pour la partie qui m'a le plus intéressé. Je me suis pas mal assoupi par la suite, à sa reconversion de beau gosse exilé dans une enclave japonaise pleine d'occidentaux, à sa perte de contrôle sur sa seconde épouse, à l'opium, à son fils mort-né et à son règne fantoche en Mandchoukouo, et jusqu'à cette dernière scène, mignonne et saugrenue, où le vieil empereur retourne à la Cité et se fait rattraper par le gosse d'un gardien parce qu'il s'approche trop près du trône. Voilà pour la petite histoire.
Au final, Le Dernier Empereur m'a paru beaucoup trop long, manquant de rythme, d'émotion, et surtout d'intrigue. C'est amusant d'ailleurs de voir à quel point le petit passage documentaire, qui m'a réveillé, m'a par la même occasion fait prendre conscience de la faiblesse narrative du film, plus joli qu'un doc certes, mais aussi moins captivant. Au moins j'aurai appris des trucs, même si le film de Bernardo Bertolucci a probablement un petit côté partisan..