Le Dernier Gang par NicoBax
Déception quand tu nous tiens. J'en attendais beaucoup vu que j'aime les polars (encore plus quand ils prennent place dans cette période) et que je me suis pas mal intéressé à l'histoire des Postiches. Malheureusement, Zeitoun (qui a quand même commis "Bimboland", "XXL" et "Yamakasi") est infoutu de créer une ambiance. ça part dans tous les sens, ça s'agite inutilement, ça avance sans qu'on sache où ça va... On ne ressent ni la pression des braquages (qu'on voit à peine), ni l'euphorie des périodes de détente à vivre comme des rois à l'autre bout du monde et surtout, on ne retrouve pas le Belleville des années 80 (si cher à André Bellaïche, tête pensante jamais officialisée des Postiches, qui avait refusé quelques projets en 2004 justement pour cette raison).
Vincent Elbaz (qui s'en sort mieux que dans "Ni pour ni contre (bien au contraire)") est omniprésent et même s'il ne démérite pas vraiment, n'a pas non plus les épaules pour soutenir le poids du rôle. Parce que même si c'est "librement inspiré du gang des Postiches", on retrouve quand même pas mal de faits similaires à la vraie histoire, appuyés par des vidéos d'archive. Alors Benaïche a-t-il été coincé par le fait qu'il ne pouvait assumer des choses qu'il avait réfuté devant la justice ? Peut être mais du coup, l'histoire d'amitié profonde qui lie les postiches (et pas seulement Simon/Kaza qui représentent les vrais Bellaïche/Badahoui). L'histoire d'amour parasite un peu le tout, Clémence Poésy est trop light pour faire une bonne femme de truand. Quant au personnage de Gilles Lelouche (qui synthétise en fait plusieurs flics), il est beaucoup trop manichéen et engoncé dans les clichés du flic mono maniaque pour être vraiment crédible.
C'est vraiment dommage, il y a de bonnes scènes (notamment la reconstitution du braquage de la rue du Docteur Blanche, le dernier braquage des Postiches qui a mal tourné) mais trop vite expédiées, la pression n'a pas le temps de monter. Avec leur connerie de bande-annonce qui monte Elbaz gueulant qu'ils doivent vivre pour raconter leur histoire, on sait déjà comment Zeitoun a choisi de terminer son film.
Je lui en veux quand même au père Zeitoun, en faisant un développement certes un peu classique, il aurait pu faire un bon film sur les Postiches. Reprendre la vie de miséreux des braqueurs pendant leur enfance à Belleville, en insistant sur le rôle de la mort de Badahoui (pour reprendre les vrais noms), en mettant plus en avant la révolution qu'ont été les Postiches et leurs conséquences politiques et surtout en insistant sur le fait que les Postiches était un gang cosmopolite avec des caractères très différents (on l'entrevoit dans le film) où il n'y avait pas de donneuses, des vies de famille rangées et une amitié indéfectible (comme le montre la scène où Elbaz revient chercher son pote en braquant un flic, scène qui s'est réellement déroulée).
Je comprends qu'il ait voulu axer ça autour d'un personnage et ne pas faire des Postiches un gang romantique... Du coup, on a des Postiches édulcorés, vidés de leur moelle, de leurs motivations, de leur humour... Complètement raté.