Frères tueurs sous l'impulsion de la loi dite divine, la loi juive contreplaquée.
Il faut plusieurs clés de lecture pour bien appréhender ce documentaire d'Amos Gitai décrivant de façon factuelle l'assassinat d'Yitzak Rabin, et la commission d'enquête chargée d'analyser les défaillances de la sécurité policière.
Le cinéaste que l'on sait impliqué à ne rien cacher des rouages de son pays, parvient avec une pulsation d'une grande maîtrise, à nous montrer l'Israël de 95 tenaillée entre un élan gouvernemental et populaire de paix et un fanatisme religieux, messianique ancré dans des textes de 2000 ans. Que des rabbins illuminés véhiculent de façon extatique, comme une magie noire. La scène les montrant se prosterner en rythme a quelque chose du délire collectif, avec leur prière de malédiction, La pulsa denura. Est ainsi décrété l'appel à Dieu, pour que celui ci fasse en sorte que le rodef aille porter le fer, seul cas où un juif est dedouanné de tuer un autre compère juif. Tout ça de façon sub-dite mais foutrement efficace.
Rabin méritait de mourir, cette sentence issue de la loi juive (la halacha) est totalement bien vécue par le tueur, Ygal Amir, qui dans le film, apparaît content, libéré, un drille qui se dandine sur sa chaise devant le policier grave et sombre, irrité de sa conduite. Comme un père face à son fils, l'intimant de se tenir droit... On est à fond dans la césure du fondamentalisme juif de plusieurs obédiences et de l'état laïc d'Israel. Césure impossible à résoudre entre les ultra-orthodoxes anti sionistes et les autres pro-sionistes et encore les séculiers qui tentent de défendre la démocratie.
On a envie de se pincer, mais non c'est hélas sûrement ce qui a dû se passer.
Et les scènes de manifestations de rue sont extrêmement marquantes, illustrent encore une fois, la scansion de ce pays divisé, tout au moins torturé par une droite extrémiste pro-sioniste.
Amos Gitai fait œuvre d'éveilleur de conscience, permet de confirmer une fois encore le lien étroit entre la violence politique et l'obscurantisme religieux.

Goguengris
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le 1 févr. 2016

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