Se basant sur un grand événement historique, reposant sur un couple d'acteurs stars, Catherine Deneuve-Gérard Depardieu, et disposant d'un budget et de décors conséquents, Le Dernier Métro de François Truffaut revêt les atours d'une oeuvre académique. On est bien loin des premières productions modestes comme les 400 coups que le réalisateur tournait presque à la sauvette dans les rues de Paris.
Pourtant, à bien y regarder, Le Dernier Métro reste un film éminemment personnel pour Truffaut, lui qui a vécu la période d'occupation allemande à Paris et a découvert sur le tard qu'il avait des origines juives via son père biologique. Le réalisateur se sert donc de ses souvenirs personnels pour reconstituer le Paris de cette époque tout en y ajoutant des détails historiques (la scène où Jean Poiret se fait arrêter par la résistance est une référence à l'arrestation de Sacha Guitry). Il donne à sa ville des teintes brunes et rouges foncées, faisant référence aux couleurs du théâtre.
Car le théâtre est justement le centre névralgique du film, là où tout les intérêts convergent. Comme le dit Truffaut, ce film est avant tout une histoire sur le théâtre, s'intéressant à ce qui se passe sur la scène et dans les coulisses. On est finalement dans un schéma narratif proche de celui de La Nuit Américaine où l'on suit une équipe artistique dans la création d'un spectacle, plongeant l''oeuvre entière dans une certaine mise en abyme.
Ainsi, Le Dernier Métro se révèle être une oeuvre singulière, symbole d'un réalisateur qui a toujours réussi à produire des projets ambitieux tout en gardant son indépendance. Plutôt que d'être une fresque historique, le film est avant tout une oeuvre intimiste.