Vraiment un excellent film, le meilleur de François Truffaut de mon point de vue.
Lui qui avait tendance à célébrer l'anecdote dans certains de ses films, parfois proches d'une structure à sketches ("L'homme qui aimait les femmes", "Domicile conjugal", "L'amour en fuite"...), nous offre ici un belle et grande histoire.
On pourra d'ailleurs noter avec ironie que "Le dernier métro" s'apparente nettement à la fameuse "qualité française" que pourfendait le jeune Truffaut dans ses critiques aux "Cahiers du cinéma", avec en particulier une superbe reconstitution en studio de la France sous l'Occupation.
Là où "La nuit américaine" était un film sur le cinéma, "Le dernier métro" est une allégorie du théâtre, avec la mise en abîme centrale et le magnifique twist lors du dénouement, qui illustrent une parfaite maîtrise de la mise en scène.
D'autre part, il s'agit d'un divertissement de haute volée, grâce notamment à des personnages extrêmement bien écrits et attachants, avec cette petite troupe (Maurice Risch, Jean Poiret, Paulette Dubost, Sabine Haudepin…) qui gravite autour du couple le plus glamour du cinéma français : Depardieu et Deneuve, plus belle que jamais dans un rôle de femme mature et raisonnable, qui tente de ne pas succomber aux affres de la passion.
Sans oublier l'immonde Daxiat, interprété avec une belle conviction par Jean-Louis Richard.
Du spectacle, de l'Histoire avec un grand H, beaucoup d'humour, du frisson, des grands sentiments, et des comédiens en pleine possession de leurs moyens : tous les ingrédients sont réunis pour proposer un véritable classique (10 Césars obtenus cette année-là), de ceux qui méritent leur statut et que l'on se transmet de génération en génération.