Vous ne le savez pas forcément, mais avant de connaître la gloire avec Lana Turner et John Garfield sous la houlette de Tay Garnett, « Le Facteur sonne toujours deux fois » avait déjà connu une adaptation, en l'occurrence française : « Le Dernier Tournant » de Pierre Chenal. Comme trop souvent ces derniers temps, j'étais très fatigué et le revisionnage, ne serait-ce que de quelques scènes, ne sera clairement pas inutile.
C'est un bon film, proposant une approche très différente, par définition moins hollywoodienne, plus sobre, clairement moins ouvertement sensuelle, bien que l'étant visiblement déjà assez pour l'époque. J'avoue y avoir été moins sensible, que ce soit dans l'écriture des personnages, l'utilisation de la musique, des scènes moins marquantes, y compris visuellement, que chez son successeur (je n'ai toujours pas vu celle de Bob Rafelson (honte à moi!), je ne pourrais donc faire une autre comparaison).
Reste cet aspect « fatal », cette cruauté du destin, très bien rendue, comme cet enfermement d'un « couple » qui sait, sans doute inconsciemment, qu'il court à sa perte. Interprétation correcte, même si j'avoue avoir été un peu déçu par le couple Fernand Gravey - Corinne Luchaire, éclipsé par un Michel Simon émouvant en brave type complètement dépassé par les événements, et surtout Robert Le Vigan, peu présent mais faisant basculer l'intrigue dans quelque chose de poisseux, presque vicieux, avec un talent rare. Une « seconde » fois ne sera donc pas de trop pour une œuvre oubliée mais assez justement appréciée de ceux ayant eu l'occasion de la découvrir.