J'étais parti pour voir un western encore jamais vu. La déception est venue dès la première scène : si je l'ai vu il y a si longtemps que le titre ne me disait rien, j'avais déjà vu ces images, et même je me suis rappelé une partie de l'intrigue. Mais cela doit remonter à plus ou moins vingt ans!

Pas grave au demeurant, car ce film, qu'on pourrait décrire comme un croisement entre 3h10 pour Yuma et Le train sifflera trois fois est une réussite. Le personnage de Kirk Douglas est somme toute assez classique, mais l'acteur s'y glisse avec beaucoup de naturel, et le jeune balafré peut être totalement insipide, son père, joué par Anthony Quinn, est un personnage intéressant. Plus gros propriétaire de la région, toute la ville à la solde, il pourrait s'agir du méchant traditionnel s'il n'avait la nostalgie d'un passé tumultueux que le personnage de Kirk Douglas lui rappellera, et qui se révèlera le moteur de sa façon d'agir. Cela nuance le personnage et en fait finalement quelqu'un de détestable certes, mais pas "méchant" au sens où l'on entend généralement l'antagoniste de western.

La tension monte, comme il faut s'y attendre, au fur et à mesure que l'heure du train approche. Mais avant cela, le film prend son temps, et c'est vraiment plaisant. Deux répliques sont assez exceptionnelles : l'une d'elles est jetée à la face de Kirk Douglas par un citadin rogue, et l'autre est prononcée par la maîtresse d'Anthony Quinn, alors qu'un homme se propose de l'accompagner pour rompre la solitude : "Je n'ai plus été seule depuis mes treize ans", répond-elle (traduction approximative, je regarde les films en V.O.), et dans cette réplique, il y a toute une histoire, magnifiquement résumée.

De facture très classique, Le dernier train de Gun Hill est l'un des grands westerns de John Sturges, sans doute pas le meilleur, mais d'une qualité évidente. La tension pourrait sans doute être plus prononcée, mais l'intrigue est bien nouée et il est agréable de voir quelques à-côté l'étoffant, comme le fait que la femme violée soit indienne et les réactions que cela suscite, ou ne suscite pas, ou encore le fait que les personnages principaux se connaissant, cela crée d'emblée un background, et donc de la profondeur, une pratique souvent utilisée par les séries B Universal. Mais dans une série A, cela fait tout aussi bien.

Bref, un western qui ravira les amateurs du genre, qui l'ont sans doute déjà vu d'ailleurs, mais qui a aussi de bonnes chances de plaire aux autres cinéphiles, un film à voir donc, tout simplement.

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le 29 janv. 2025

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BigDino

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