Je n'avais pas revu ce film depuis très longtemps, et je reste sonné par le propos et la façon dont l'ensemble est traité, c'est vraiment un film d'une force incroyable, même encore près de 50 ans après sa réalisation. C'est un film britannique, pas américain, déjà la vision n'est pas la même ; on peut le voir comme un film de guerre colonial ou post-colonial par ses combats entre des mercenaires et des guerriers révolutionnaires au sein d'un pays africain, un peu comme le fera plus tard les Oies sauvages, sauf que là c'est à un moment bien précis dans le destin du continent africain, au moment où celui-ci se libère du joug parfois pesant des puissances occidentales pour voler de ses propres ailes. C'est pourquoi le film peut se voir aussi pour ses dialogues d'une certaine pertinence sur les relations entre Blancs et Noirs sur un continent où se sont déchaînées les passions humaines, c'est ce qui sert un peu d'alibi culturel au propos où la cause des Simbas et le fond des problèmes coloniaux sont survolés, le réalisateur se bornant à réussir surtout un bon film d'aventure. Il y parvient de façon brutale car il y montre la sauvagerie des 2 factions au travers d' affrontements dans des scènes d'action au ton extrêmement violent pour son époque de réalisation. Ce puissant réalisme donne une certaine crédibilité au film où le physique athlétique de l'énergique Rod Taylor (très bon en rude mercenaire) s'accorde parfaitement à celui de l'imposant (et non moins bon) Jim Brown qui trouvent là des rôles à leur convenance. Ils s'opposent au racisme d'un mercenaire allemand aux tendances nazies reflétant une certaine opinion véhiculée sur l'Afrique à cette époque, ce qui rend le film avant tout comme un solide film d'action très brut mais aussi bien ancré dans son époque en balançant quelques touches de discours qu'on considère aujourd'hui comme politiquement incorrects. Un film à voir, qui en plus bénéficie d'une BO formidable de Jacques Loussier avec un thème lancinant joué en leitmotiv qui reste longtemps dans l'oreille.

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le 4 déc. 2016

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Ugly

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