Néocolonialiste, violent et cruel, Le dernier train du Katanga est un plaisir coupable. Plus connu pour sa direction photographique – il reçoit l’oscar en 1947 pour Le Narcisse noir – le réalisateur Jack Cardiff troque l’habituelle et confortable Seconde guerre mondiale pour un conflit de la décolonisation. Il ne craint pas de donner ses premiers rôles, les capitaines Curry (Rod Taylor) et Henlein (Peter Carsten), à deux vieux beaux, confiant celui du sergent Russo, le jeune premier, à un joueur de football américain black (Jim Brown), vu dans Les douze salopards. Enfin, ultime transgression, il présente explicitement viols et assassinats d’enfants.
Quelques mots sur le contexte historique. Le premier ministre marxiste de l’ancien Congo belge, Patrice Lumumba, a été renversé et exécuté par Joseph Mobutu. Ses partisans ont pris les armes. Des chamans ont convaincu les très jeunes Simbas (les lions) que leurs amulettes les protègent des balles, d’inoffensives gouttes d’eau. Cette croyance, associée à des doses massives de drogues et d’alcool, les rend irrésistibles au combat. Les troupes gouvernementales et les mercenaires se débandent, les laissant maîtres de la moitié du pays. Mais, après le combat, ils multiplient les exactions, massacrant Blancs et Noirs. Armés et financés par les Occidentaux, Mobutu et ses mercenaires écraseront la rébellion.
Le personnage d’Henlein est inspiré de Siegfried « Congo » Müller, un ancien de la Wehrmacht qui sévit au Congo. Arborant sa croix de fer de première classe, le vaniteux bavard fut interviewé par des journalistes « espions » est-allemand, qui feront de L’homme qui rit un nazi convaincu. Il mourra dans son lit, en Afrique du sud.
Revenons à nos mercenaires. La guerre est cruelle. Henlein et Curry s’affrontent violemment, plus ou moins à la loyale. Le film est court, le montage brutal et efficace. La jolie Yvette Mimieux joue les utilités féminines. Les rebelles capturent et massacrent la moitié des otages, rien ne nous est épargné. Les locaux s’entretuent à la mitrailleuse et au mortier. Les capitaines règlent leur compte à la tronçonneuse et au couteau, écœurant leurs subalternes africains par leur sauvagerie. La dernière scène est inepte, mais vite oubliée.