Le "documentaire" de Vanier joue à fond la carte de la vie en harmonie avec la nature en suivant un des derniers trappeurs du Yukon sauvage. J‘ai beau être fasciné par le grand nord et rêver secrètement d’une vie simple à la Henry David Thoreau, j’ai eu l’impression d’être pris pour un jambon pendant tout le film.
Si on nous offre de magnifiques images de forêts, de rivières, de grizzlis et de belles balades en traineau bien sensationnelles comme il faut, on ne voit presque rien de la vie du trappeur. Il y a bien un passage sur la construction d’une cabane ou quelques séquences de chasse et de pêche, mais tout ce qui est potentiellement dur, violent et crade (et qui pourrait choquer l’âme sensible du spectateur) est occulté. Le gars se nourrit de barbaque et vit de la vente de peaux, mais jamais on ne le voit dépecer, débiter ou tanner quoi que ce soit.
En plus de ça, le discours du type m’a vraiment laissé perplexe. Que l’Homme fasse partie d’un écosystème global et qu’il puisse prélever dans la nature ce dont il a besoin pour vivre, soit. Mais quand on me dit qu’il est nécessaire à la régulation de cette nature sauvage, je pouffe. Parce qu’en plus de quatre milliards d’années d’existence, la Terre nous aura attendus pour trouver un équilibre à la chaîne alimentaire. Tout à fait !
Et puis, les faux raccords du type : « Je commence ma balade en cheval puis je dévale un torrent dans la pirogue que je sors de ma poche », ça passe moyen dans une œuvre qui se veut documentaire.
Bref, je ne connais pas du tout Nicolas Vanier, mais il m’a plus l’air de tenir de Yann Arthus Bertrand que de Jack London. En même temps, c’est pas comme si on n’était pas prévenu, le film s’ouvrant par un magnifique logo Gaz de France.