Le Dernier Vice-Roi des Indes par pierrick_D_

1947.Lord Mountbatten,officier supérieur de l'armée anglaise,héros de guerre et cousin du roi George VI,est nommé vice-roi des Indes.Le gouvernement britannique compte sur son sens de la négociation et de la diplomatie pour organiser l'indépendance de ce pays sous domination british depuis 300 ans.Il se trouve que la Deuxième Guerre Mondiale,qui vient de s'achever,a mis à genoux l'économie anglaise et que l'Etat n'a plus les moyens de gérer cette immense colonie.Mais la tâche de Mountbatten s'avère compliquée car il doit mettre d'accord des leaders politiques indiens aux visées très différentes alors qu'une guerre civile est en cours entre hindous et musulmans.La réalisatrice et scénariste Gurinder Chadha,britannique d'origine indienne qui avait obtenu un grand succès en 2002 avec "Joue-la comme Beckham",relate dans ce film des faits historiques auxquels sa famille a été liée,ce qui augure mal de son objectivité.Cinématographiquement c'est assez désastreux.Certes c'est très beau,les décors,notamment celui du palais,sont magnifiques,les costumes superbes,on a tourné à Delhi et tout l'apparat de l'époque a été reconstitué.Mais au-delà de ça tout est vieillot,figé,académique et lourdement pédagogique avec une bonne dose de propagande anti-occidentale,comme il se doit désormais.La caméra statique de Chadha enregistre platement une série de scènes dialoguées pas toujours claires ni passionnantes additionnées d'une intrigue parallèle déroulant une stupide histoire d'amour à l'eau de rose entre deux serviteurs indiens.On a même droit à une séquence chantée et dansée ridicule dans le plus pur style Bollywood.Pour ce qui est du contexte politique,grosso modo tout est de la faute de ces salauds d'anglais.Le vice-roi est un gros cocu,dans tous les sens du terme,qui sert de paravent à une partition du pays décidée d'avance par Churchill.La situation est explosive et le mec se retrouve au centre d'un inextricable sac de noeuds.Ce jeu de dupes implique le puissant Parti du Congrès dont les dirigeants principaux,Nehru et Gandhi,ne sont pas vraiment d'accord,tandis que le patron de la Ligue Musulmane,Jinnah,veut absolument que soit créé un état islamique,le Pakistan,où ses coreligionnaires,minoritaires en Inde,seraient en sécurité.Si Nehru et Jinnah sont OK pour la partition,ils ne le sont pas à propos du tracé des frontières,chacun exigeant naturellement une plus grosse part de territoire.Gandhi,le ravi de la crèche,veut quant à lui conserver une Inde unie où tous vivraient en paix quelle que soit leur ethnie.Mais le temps presse car la population,au sein de laquelle les conflits ont déjà débuté,s'échauffe sérieusement et des massacres ont lieu un peu partout.Du coup Mountbatten accélère le processus et convainc Pandit et Jinnah d'officialiser la création du Pakistan,renvoyant le Mahatma à sa méditation solitaire.On sent bien que la cinéaste déplore cette décision,qu'elle met sur le compte d'une manipulation de ces salauds d'anglais qui auraient agi ainsi pour des raisons géostratégiques liées à la proximité de l'URSS,l'ennemi juré de l'époque,avec l'Inde.Il y a donc les bons personnages,Gandhi,Edwina Mountbatten,la viragochiste qui sert d'épouse au lord,Pamela,leur idiote de fille,ou certains serviteurs oecuménistes dont l'occupation principale est d'écouter aux portes.Mais comme les dés sont pipés le Pakistan est bel et bien créé,ce qui entraîne de dramatiques déplacements de populations dans les zones ethniquement mélangées.C'est peut-être malheureux mais on ne voit pas quelle autre solution aurait pu advenir,du moins si on se fie à la manière dont c'est présenté dans le film.La mère Gurinder,en pleine schizophrénie,plaide pour l'unité indienne tout en démontrant dans son film qu'elle n'était pas viable.C'est soi-disant de la faute des anglais qui auraient sciemment monté les uns contre les autres,diviser pour mieux régner,mais de ce qu'on voit les indiens n'avaient guère besoin de leurs colonisateurs pour se détester entre eux.La guerre civile est déjà bien entamée quand Mountbatten arrive,et elle s'aggrave notablement ensuite,alors que les employés du palais sont incapables de s'entendre entre ethnies différentes et passent leur temps à s'engueuler et à se foutre sur la tronche au fil de scènes d'ailleurs ridicules dignes d'une cour de récréation.Alors que fallait-il faire?Ecouter ce brave pacifiste de Gandhi et cette abrutie d'Edwina et laisser les gens s'entretuer,les villages brûler et les habitants fuir,sachant que les britanniques,dont la plus grosse partie des troupes s'était barrée,n'avaient plus les moyens d'assurer l'ordre?Reste un morceau d'Histoire méconnu par chez nous et plutôt instructif,avec des discours finaux qui ne manquent pas de saveur.On voit Jinnah promettre un Pakistan ouvert aux habitants de toutes origines et Nehru assurer que l'Inde deviendra prospère rapidement.Effectivement,on a vu ça.Comme la réalisatrice,qui entre parenthèses ne semble pas vouloir quitter la perfide Albion pour émigrer dans la si chatoyante Inde de ses aïeux, a manifestement décidé de ne rien nous épargner,elle clôt son film avec une "surprise" hollywoodienne concernant la love story interethnique qui irrigue la narration,un twist qu'on voyait venir depuis une bonne demie-heure déjà.Les comédiens,visiblement pas dirigés,sont tous,rosbifs et indiens confondus,d'une remarquable nullité.