Soupe primordiale
On sait. Quand on va voir ce spectacle – forcément – on sait. Moi, en tout cas, je savais. Sitôt j’ai constaté que ce film était à la fois français et à la fois de science-fiction, j’ai su. Et voir...
le 20 mai 2021
22 j'aime
6
On le sent tout de suite, Romain Quirot a été biberonné à la culture cinématographique US, qu’il s’approprie et délivre avec une belle maîtrise technique dans un film pourtant si français, où l’aspect SF n’est au final qu’un vague prétexte pour une quête intérieure dans un décor post-apocalyptique.
Le Dernier Voyage a donc un scénario assez prévisible et quelque peu enfantin, en ça qu’il laisse de côté la raison et l’aspect scientifique pour se concentrer sur une vision plus onirique. Beaucoup de questions sont laissées en suspens et le film manque de crédibilité rationnelle sur de nombreux aspects. Mais pour peu que cela ne vous dérange pas, ce Voyage vaut le détour.
Déjà parce que c’est beau. L’univers n’est certes pas original, on retrouvera des références visuelles à toute une pléthore de films (Minority Report, Star Wars, Mad Max pour n’en citer que quelques-uns) mais ces références sont assimilées dans un tout cohérent. Le film joue à fond sur notre nostalgie des années 80, avec une esthétique saturée qui fait la part belle aux roses et bleus parmi la poussière et à la musique au synthé. Ici aussi le réalisateur mélange hit musicaux US et musique bien française, dans un mélange parfois surprenant, en décalage, mais habile. Pour en finir sur la partie visuelle, la majorité des effets spéciaux sont bons et utilisés à bon escients. De manière intelligente, le réalisateur a fait l’impasse sur certaines scènes (le crash de voiture) qui lui aurait certainement cramé son budget pour un résultat incertain.
Ensuite il y a les acteurs, leurs dialogues et leur alchimie entre eux. La jeune Lya Oussadit-Lessert, transfuge de la Nathalie Portman de Léon, s’illustre par sa prestation de jeune fille un peu perdue mais pas pessimiste. Hugo Becker et Paul Hamy, qui ont pas mal de films et séries à leurs actifs mais sont encore plutôt méconnus du grand public campent deux frères ennemis, séparés par la jalousie et le fatalisme, comme condamnés à s’affronter. Jean Reno est certes plus en retrait mais revient à ses grandes heures, où sa voix grave nous charme encore dans sa retenue. Et on n’oublie pas Philippe Katerine en présentateur à chemise hawaïenne, reflet absurde et boute-en-train d’un monde qui se meurt.
Pour moi le point faible reste le scénario et cette « fausse promesse » de SF. Sans être mauvais, c’est parfois trop simple et attendu à mon goût. Le film est tiré d’un court-métrage dont l’histoire, sur un format plus court, est peut-être plus pertinente. Quelques retournements de situations, moment de grâce ou surprise en arrière-plan (le congélo) dynamisent cependant suffisamment le récit pour qu’on reste captivé jusqu’au bout.
Avec Le Dernier Voyage, Romain Quirot fait preuve d’un excellent savoir-faire, d’une bonne direction d’acteur et d’une vraie direction artistique. Maintenant on attend des films avec un peu plus de profondeur et dont l’univers surpasse ses références pour devenir plus personnel. Un réalisateur français ambitieux à suivre assurément.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2021 et Les meilleurs films français de 2021
Créée
le 29 mai 2021
Critique lue 81 fois
D'autres avis sur Le Dernier Voyage
On sait. Quand on va voir ce spectacle – forcément – on sait. Moi, en tout cas, je savais. Sitôt j’ai constaté que ce film était à la fois français et à la fois de science-fiction, j’ai su. Et voir...
le 20 mai 2021
22 j'aime
6
Faut pas le prendre par les sentiments, le masqué. Car il est évident qu'un film qui lâche dans ses trois premières minutes Cambodia de Kim Wilde ne peut pas être mauvais... Mais le reste de...
le 5 juin 2021
19 j'aime
Après Mandibules mercredi dernier, voilà que je vais voir un 2e film français au ciné en 1 semaine : de mémoire de moi, ça n'était jamais arrivé ! Il aura fallu une pandémie mondiale et un arrêt des...
Par
le 26 mai 2021
17 j'aime
1
Du même critique
La bonne épouse est pour moi un résultat vraiment décevant. La bande-annonce promet une comédie qui tire vers la satire, le sujet du film étant les écoles ménagères dans les années 60, juste avant...
Par
le 10 juil. 2020
14 j'aime
1
Je ne connaissais pas le manga original, mais j'avais beaucoup apprécié Monster et 20th Century Boys, et la note de 8 à l'époque sur senscritique avait éveillé ma curiosité. Pluto nous plonge dans un...
Par
le 4 déc. 2023
12 j'aime
7
Que ce film a vieilli alors qu’il date pourtant de 2000. Oui je l’ai vu à sa sortie, et j’avais ri, j’étais bien plus jeune. Je le revois aujourd’hui et c’est plutôt ennui et maladresses. J’essaie de...
Par
le 4 oct. 2020
9 j'aime