Je sais, mon titre peut faire peur, mais si ce côté énigmatique peut amener quelques-uns d'entre vous (Petits vicieux !!!) à s'intéresser à ce film, j'aurai gagné mon pari...
"Seul l'amour n'a pas de fin"... Voici donc les derniers mots prononcés par le narrateur de cette petite pépite venue de Russie. Cette fin en forme de haïku est en réalité l'image parfaite de ce qu'est ce film.
En effet le haïku consiste à évoquer des choses profondes en une économie de mots. Sous la simplicité apparente se cache une matière qui doit permettre à l'homme de réfléchir sur lui-même, sur le monde qui l'entoure. Et c'est exactement ce que s'attèle à faire ce film.
A travers le parcours d'un homme accompagnant sa femme dans son dernier voyage, il décrit les traditions d'une ethnie, évoquant ainsi, sans jamais forcer le trait, la difficulté du monde actuel à vivre avec le poids de son passé, sa volonté de gommer les différences. En cela, c'est aussi tout un pan de l'histoire de la Russie, et de ses douleurs, qui est raconté.
Durant 75 minutes, le narrateur décrit la femme qu'il a aimée, ses souvenirs (parfois impudiques). Son meilleur ami l'accompagne durant ce voyage et sera à la fois son oreille discrète et son moyen de réaliser que le passé révèle en temps voulu des secrets bien gardés.
Difficile quand on parle de cinéma russe de ne pas évoquer l'esthétique, tant les aînés sont souvent lourds à porter pour les réalisateurs actuels. Et c'est aussi l'une des réussites du film. La mise en scène est là, certains plans sont même d'une très grande beauté, mais elle n'est jamais écrasante, jamais sur-signifiante. On y retrouve des influences russes, l'inverse serait tout de même dommage, mais le cinéma asiatique, avec l'importance de la langueur et de la sérénité, n'est jamais très loin, sans oublier Kiarostami, quand on connait toute l'importance de l'utilisation de la voiture dans son cinéma.
Voilà donc un réalisateur qui arrive enfin en France, après cinq films, mais au vu du résultat, on peut espérer le retrouver très vite.