Le Dernier Voyage du Demeter revient sur l’un des épisodes de la fameuse histoire de Bram Stoker sur le comte Dracula et de son voyage de la Transylvanie au Londres victorien. Ici le fim se focalise sur l’équipage du navire et joue pleinement le côté horrifique avec le schéma classique d’un groupe confronté à un monstre dans un huis clos sanguinaire. Cela ne semble pas très original aux premiers abords mais le film semble s’appuyer sur une patte visuelle forte et une ambiance travaillée qui peuvent lui permettre d’offrir un récit horrifique loin des standards actuels. On s’éloigne forcément de la vision romanesque et gothique de Francis Ford Coppola avec son Dracula de 1992 ou encore la récente mini-série de Netflix qui se concentrait sur le célèbre vampire. Ici il est simplement représenté comme un monstre terrifiant et sans pitié. Pour mener à bien ce projet, c’est le réalisateur André Øvredal qui est aux manettes. Le réalisateur norvégien s’est fait un nom dans le domaine de l’horreur ces dernières années à commencer par Troll Hunter en 2010 qui lui a permis de le mettre sur le devant de la scène avant de s’exiler à Hollywood et de poursuivre dans ce registre avec des œuvres comme The Jane Doe Identity en 2016 ou encore Scary Stories en 2019 sur lequel il collaborera avec rien que moins Guillermo Del Toro. Loin d’être des œuvres qui ont touché le public, ses propositions témoignent néanmoins d’un attrait évident pour les univers horrifiques, ce qui lui vaut probablement de se retrouver derrière cette nouvelle version de l’histoire de Dracula. Le film peut compter sur un casting certes sans grand nom à l’affiche mais avec des acteurs dont le visage ne nous est pas familier à commencer par Liam Cunningham que l’on connait surtout pour son rôle de Davos dans la série Game of Thrones ou encore David Dastmalchian, acteur habitué aux seconds rôles que l’on a vu dans plusieurs films à gros budget ces dernières années comme Dune ou Suicide Squad version James Gunn. Si les films horrifiques sont évidemment moins présents pendant cette période estivale, cette proposition a la place pour satisfaire les passionnés du genre avant une rentrée qui passera la seconde avec plusieurs arrivées avec entre autres la suite de La Nonne, le remake suite de l’Exorciste ou encore le nouvel épisode de la franchise Saw. Ce projet est à double tranchant, si le nom de son célèbre antagoniste peut attirer certains spectateurs, il peut aussi exaspérer par un sentiment de redite et de simplicité sur l’histoire d’un personnage tellement exploité au cinéma, on rappelle tout de même que la première lecture est sortie en 1931 avec Bela Lugosi, soit près d’un siècle. Malgré de belles promesses, cette nouvelle version annonce aussi une certaine facilité de la part des studios de s’appuyer sur un des personnages les plus emblématiques du cinéma d’horreur.
Après nous avoir présenté les protagonistes principaux pour lancer son intrigue sur ce navire au destin funeste, André Øvredal parvient rapidement à poser son ambiance dans un huis-clos captivant même si le cinéaste exploite de grosses ficelles propres au cinéma d’horreur. Un point qui fera défaut pendant tout le visionnage est le manque cruel de surprise avec une histoire trop prévisible notamment sur l’issue de certains personnages. Il y a bien quelques passages surprenants mais ce n’est pas suffisant pour vraiment nous faire sursauter. Si le film se raconte globalement bien et se montre efficace avec des séquences terrifiantes sans tomber dans l’exagération, il perd donc en surprise et se montre finalement trop sage en suivant le cahier des charges du film d’horreur. On appréciera néanmoins qu’il n’exagère pas dans les jump scares foireux, une facilité redondante aujourd’hui dans le cinéma d’horreur et se contente au contraire d’être plus direct et efficace sans abuser d’effets sanguinolents. Le film est visuellement solide, il faut bien cela pour visionner ces 2 heures de film car pour le reste ce n’est pas toujours réussi. Outre son intrigue prévisible, les personnages souffrent d’une écriture simpliste et caricaturale. Pourtant leur prestation est solide, ils font bien ce qu’ils peuvent à commencer par le personnage central interprété par Corey Hawkins. De plus, le film se montre trop manichéen dans son récit et se contente de suivre le schéma classique du huis clos horrifique jusqu’à l’affrontement final. Le traitement du personnage de Dracula pourra faire également tiquer, cantonné finalement à jouer les monstres de service sans aucune profondeur avec un appétit sanguinaire. Encore une simplicité qui peut faire souffler mais dans sa volonté de mettre en place une histoire purement horrifique, le film réussit néanmoins à remplir les cases du genre avec son lot de séquences qui frappent et ne laissent pas insensibles.
Au final, Le Dernier Voyage du Demeter n’est pas un mauvais film mais il souffre d’une trop grande facilité d’écriture et une intrigue beaucoup trop prévisible. On devine assez rapidement le destin de chaque personnage. Hormis deux ou trois passages, on est peu surpris mais on ne passe pas non plus un moment désagréable. La réalisation est suffisamment efficace pour accrocher le spectateur et l’emmener à bord dans cette énième lecture du personnage.