Troisième film en un an, ce deuxième acte qui officie en première partie du Festival de Cannes réussit encore à susciter l’attente d’un nouveau Dupieux notamment grâce à son casting 4 étoiles de stars habituées, contrairement au réalisateur, à la montée des marches de la sélection officielle. Il ne fallait cependant pas s’attendre à autre chose de la part d’un réalisateur qui continue d’investir le terrain surréaliste, délaissé depuis Luis Buñuel.
Si certains se désolent de ne voir les films de Dupieux que comme des coups de production qui se payent des vedettes avec pas plus qu’une idée de pitch, c’est oublier que celui qui fût le réalisateur de Rubber (2010) n’utilise jamais ses stars à la légère. Ici, elles sont le sujet du film. Dans une logique marketing bien huilée, la bande-annonce les met en scène se disputer le meilleur rôle, sans savoir qu’ils seront jetés en pâture sur l’affiche (leur tête littéralement dans les assiettes des spectateurs). Puis le film, enfin, présente Vincent Lindon comme un acteur au melon pas possible mais bourré de tiques et Léa Seydoux est une actrice qui ne refuse jamais de se déshabiller pour un film d’auteur. Bel exercice d’autodérision et ressort comique majeur du film, qui glisse ensuite progressivement dans la mise en abyme façon Réalité (2015) pour mieux jouer avec la persona de nos stars chéries.
In fine, on ne sait plus qui sont les personnages des acteurs, ni si les personnages ne seraient pas eux-mêmes des acteurs, à moins que ce ne soit l’inverse… Cet aspect ludique de son cinéma fonctionne toujours aussi bien car Dupieux prend une fois encore le soin de brouiller les pistes (Vincent Lindon se grime d'une fausse moustache précisément lorsqu’il est censé sortir de son personnage). Le réalisateur reste dans le registre de la comédie en évitant ainsi que son film ne soit résumable en une maxime boursouflée type “le réel est la fiction, et la fiction et le réel”, la laissant plutôt à son personnage, pour une piètre (et drôle) tentative de coucher avec sa collègue.