La meilleure façon de décrire Le deuxième souffle est à mon sens de préciser qu'il est parfaitement représentatif du style Melville.
On y retrouve en effet tous les thèmes chers au réalisateur : la fatalité, le code d'honneur, les relations ambigües entre flics et voyous, la violence, l'attention minutieuse aux détails, la mélancolie dépressive (qui rappelle celle des westerns crépusculaires), l'amitié, la loyauté, l'amour impossible.
Et, contrairement à ce qui pourra arriver par la suite (le très moyen Un Flic), il maîtrise alors admirablement son sujet. Un scénario prenant et cohérent, une réalisation d'une classe folle, un rythme lent mais infiniment agréable de par son alternance entre torpeur hypnotique et morceaux de bravoure haletants, et surtout des personnages géniaux, magnifiés par un casting fantastique. Si Lino est comme toujours irréprochable, ici en truand au désespoir tout en retenue, le plus marquant reste à mon goût Paul Meurisse, fabuleux en commissaire prolixe et ambivalent à l'intelligence supérieure. Quant aux personnages secondaires, ils sont dans l'ensemble si bien traités et interprétés que je ne ferai aucune mention de l'un d'entre eux en particulier tant ce serait commettre une injustice envers les autres.
Pour peu qu'on soit amateur de la façon particulière qu'a le cinéaste de traiter le genre, c'est un chef d'œuvre incontestable.