L'habit ne fait pas le diable
La mode et son univers impitoyable. Les talons aiguilles claquent sur le marbre. Les employés du magazine en vue s'activent, la patronne arrive. En avance. Visage impassible, Miranda Priestly (Meryl Streep) s'avance, dédaigne tout le monde. Andrea Sachs (Anne Hathaway), jeune journaliste idéaliste, dénote dans le paysage. Mal habillée, elle a l'air d'un poisson rouge inoffensif au milieu de requins. Engagée, elle découvre alors l'enfer de la mode et apprend à connaître le diable en personne : Miranda.
Le Diable s'habille en Prada est l'adaptation du roman éponyme de Lauren Weisberger. Dans ce best seller, la jeune femme raconte son expérience d'assistante auprès d'Anna Wintour, directrice de la rédaction du magazine Vogue. Mais le film est à l'image de ces filles accros aux dernières tendances : superficiel et caricatural. La dictature de l'apparence régit désormais notre société et le choix de porter tel ou tel vêtement est devenu une expression de sa personnalité à part entière. Mais le long-métrage ne traite absolument pas de ça. Il raconte l'histoire prévisible d'une jeune fille intelligente, naïve et déterminée, confrontée à une femme antipathique et impitoyable.
Dans ce prétendu divertissement, les surprises sont aussi rares que les opérations « tout à un euro » chez Chanel ou Dior. Au niveau de la forme, on retrouve les habituels procédés du genre (ralenti pour accentuer un effet, temps accéléré avec musique de fond...). On a affaire à un pur produit made in Hollywood, avec en point d'orgue une admiration béate et pleine de clichés de la plus belle ville du monde, que les Américains nous envient du temps : Paris, bien entendu, pas Melun.
La fraîcheur d'Anne Hathaway et la classe de Meryl Streep ne parviennent pas à sauver le film. Malgré une fêlure dévoilée tardivement, le personnage joué par Meryl Streep est d'une froideur consternante, et assez fatigante parfois. Le Diable s'habille en Prada est comme la mode : on passe très vite à autre chose.