Dieu, qu'il est facile de taper sur les nazis. Tant est le cas qu'on estime généralement de mauvais goût d'en arriver au fameux point Godwin dans n'importe quel argumentation, puisque cela mène à une sorte d'homme de paille - mais vrai - qui lasse car trop facile à tabasser. Tant est le cas, que les films qui tombent dans l'écueil deviennent automatiquement plus faibles. Mais prenons une idéologie abjecte, puis tentons de la représenter en lui donnant en plus du ridicule. Par exemple en caricaturant son représentant le plus célèbre en le faisant se battre à coup de plats de bouffe... C'en est pire encore.
Passons la tirade. Me forçant à voir une certaine sélection de classiques pour des histoires de culture générale, j'en viens forcément à me farcir des Chaplin, que j'estime très loin du talent de Keaton, soit dit en passant. L'homme le plus classe du monde n'est pas un moustachu. Et alors que j'ai modérément apprécié le Kid et L'émigrant jusqu'à présent, je n'ai pas aimé les Temps Modernes. Alors je lance le Dictateur. Et après 45 min je m'endors. Ce qui n'est pas un défaut en soi, je me suis endormi, bercé par la petite musique des premières minutes de Pacifiction de Serra par exemple. Mais le Dictateur n'est pas Pacifiction. Je ne devrais pas m'endormir devant. Tant pis me dis-je, je le finirai demain. Et le lendemain, rebelote! C'est une première pour moi, je vous le jure. Le dictateur est le film devant lequel je me suis le plus endormi, ça me rappelle mes lecture de Judith Butler! Et je ne pense pas que ça soit entièrement de ma faute: si le film avait été palpitant, je serais resté éveillé au moins un des deux jours.
Toujours est-il que j'ai fini par le finir, et qu'en vérité je vous le dis: tout ça est parfaitement ennuyant, voir ridicule. Les gags sont téléphonés, et il y a une attitude systématique de ridicule des personnages qui sied mal au sujet. Hitler qui fait rebondir le monde à coups de cul, je pense que même à l'époque ça ne m'aurait pas fait rire. Mussolini et Hitler qui font une bataille de bouffe... Non mais c'est une blague? Ils n'ont pas vu le résultat, une fois monté? Ils ne se sont pas dit "ça ne marche pas, on la coupe"?
Alors oui, le discours de fin est touchant. Mais je sais (oui, je sais) que je me suis bien fait chier tout le reste du film, alors c'est un 3/10 pointé.
En mot de fin, j'aimerais dire en dire un peu plus sur les films antinazis ou antifa, jsp.
Il faut arrêter, les gens: c'est trop facile. Quel plaisir y-a-t 'il là-dedans, quelle audace y-a-t 'il à dénoncer des idioties dangereuses? On le sait, non? Ce sont des gens qui énervent, voir qui font peur. Ce sont des idées alarmantes. Mais faut-il les combattre en les ridiculisant si maladroitement? N'y-a-t 'il pas mieux à faire, n'y-a-t 'il rien de plus efficace ou de plus touchant? Et je précise que je n'ai aucun problème avec les films prenant la situation ou l'époque pour toile de fond. Le problème c'est la facilité consensuelle.
Alors voici quelques pistes qui me semblent plus intéressantes:
- Explorer la psychologie d'un personnage troublé et tenté par le sujet. Au risque de tremper ses doigts dans la sauce abjecte des arguments totalitaires. Mais pour moi ça n'est pas un problème. Les partisans adverses sont aussi de humains, tentons alors d'explorer pourquoi ils pensent ainsi.
- Se concentrer sur les conséquences néfastes, humainement, des régimes totalitaires, racistes, etc. Montrer la difficulté des opprimés, mais aussi les pensées contradictoires qui peuvent arriver à ce moment. On me dira que Chaplin fait ça dans ce film, ok. Mais avouez que ce n'est pas une réussite...
En fait je pense qu'il faut être un peu vicieux, voir le mal dans le cœur des gens, et le bien dans celui des monstres.
Enfin pensez à un éventuel néonazi qui se retrouverait devant ce film. Est-ce qu'il pourrait à un moment sentir ses croyances mises à mal ici? Non, il se dirait que c'est un gigantesque homme de paille ou que sais-je...