Pierre Richard s'était fait remarquer dans des petits rôles dès 1967 comme dans Alexandre le bienheureux, mais décide très vite de se mettre en scène en 1970 avec ce premier film dont il a co-écrit le scénario. C'est donc avec le Distrait qu'il impose ce personnage de gaffeur, distrait, un peu lunaire, farfelu aux cheveux ébouriffés et avec une bonne tête d'imbécile heureux.
Son comique se situe dans la lignée de Jacques Tati, de Robert Dhéry et de Pierre Etaix puisqu'il y ajoute une certaine tendresse, mais il se révèle aussi comme une sorte de Buster Keaton français, qui ne tient pas en place, qui par son sens de l'observation caricaturale et sa nature d'ahuri, parvient à générer quelques gags bon enfant. Son humour est fondé sur un comique gestuel.
Son seul défaut c'est qu'il ne sait pas construire un scénario avec assez de rigueur, bien que son univers soit cohérent, d'où une impression de flottement et de mollesse par endroits dans cette fantaisie burlesque où les gags s'accumulent plus ou moins réussis. Distraction et étourderies se succèdent ajoutées à une bonne satire du monde de la publicité, mais le comique de caractère n'est qu'apparent, masqué par un comique de situation. Ceci dit, le film n'en demeure pas moins sympathique et amusant, Pierre Richard sait s'entourer de bons acteurs comme Blier, Maria Pacôme, Paul Préboist ou Marie-Christine Barrault, il va devenir un comique très populaire plus par les films de Claude Zidi, Francis Veber, Gérard Oury ou Yves Robert que par ses propres films, mais déjà avec son film suivant, les Malheurs d'Alfred, il offrira un comique plus abouti.