Aïe, aïe, aïe, dur, dur de revoir ces premiers films de Pierre Richard qui ont affreusement mal vieilli. Si celui-ci n’est pas le pire, on ne peut pas dire pour autant qu’il atteigne sa cible. Très marqué par sa période post-soixante-huitarde, le résultat porte en lui un esprit anar qui donne l’impression que l’ensemble est très souvent en roue libre. Le trait est très épais, les gags téléphonés sont tellement chorégraphiés et longs qu’ils tombent souvent à plat, certains passages sombrent dans le grotesque. Il faut aimer l’esprit totalement lunaire et farfelu pour adhérer à bon nombre de séquences résolument perchées.
Si on peut remercier le film d’avoir rendu célèbre Pierre Richard et d’avoir esquissé le portrait de celui qui sera effectivement souvent à côté de ses pompes, on préférera très largement quand « le grand blond » sera dirigé par les autres. Impayable chez Francis Veber, parfait chez Yves Robert, virevoltant chez Gérard Oury et plutôt pas trop mal exploité chez Claude Zidi, il n’aura que très rarement réussi à se mettre lui-même en scène. Son travail de réalisateur manque, comme ici, de trop de rigueur pour être efficace. L’ensemble est trop décousu, trop mal maîtrisé, trop maladroit pour passer l’épreuve du temps. Seul point positif, le propos contre la société de consommation à travers le monde de la publicité reste pertinent.
Par ailleurs, il reste le plaisir de voir à côté de cet acteur toujours sympathique, le joli minois de Marie-Christine Barrault et un Bernard Blier encore une fois excellent qui assure ici les scènes les plus drôles. La musique de Vladimir Cosma annonce également toutes les formidables bandes-originales qu’il signera pour Pierre Richard. Pour le reste, cela paraît aujourd’hui bien désuet comme beaucoup de ces comédies un brin contestataires de la première moitié des années 70.