Le dos au mur est le premier film réalisé par Edouard Molinaro, et qui est un polar démarrant de manière formidable. Durant le premier quart d'heure, on va suivre de manière méthodique un homme mystérieux, joué par Gérard Oury, dissimuler un cadavre dans le chantier d'un bâtiment en construction et le faire couler dans du béton afin qu'il disparaisse. Le tout durant un quart d'heure, de manière quasi-silencieuse, très peu de mots, mais où compte l'efficacité. A l'image, l'impact n'en est que très fort.
On découvre que tout le film est un flash-back où Oury découvre que son épouse, jouée par Jeanne Moreau, le trompe avec un jeune acteur, et qu'il veut le faire chanteur sous un nom d'emprunt afin d'être pris la main dans le sac.
Le dos dans le mur est un modèle d'efficacité, allant très vite, et dont la particularité est que les personnages sont au fond peu sympathiques, tous crapuleux dans un sens, assumant ce qu'ils font d'immoral. Y compris le personnage de Jean Lefèbvre, qui incarne un détective commissionné par Oury de la preuve que son épouse le trompe.
On sent un Molinaro sous influences, aussi bien chez Hitchcock que Preminger, en passant par le personnage de Gérard Oury, avec son pardessus et son chapeau, qui fait penser à du Bogart dans ces films des années 1940. D'ailleurs, si je connaissais le réalisateur, l'acteur Oury est peu cité, à part dans Le miroir à deux faces, et je le trouve d'une grande sobriété. Ce qui n'est pas le cas de Jeanne Moreau que je trouve quant à elle un peu trop grave pour ne pas paraitre suspecte aux yeux de son mari.
La réalisation est elle aussi déjà la hauteur, où Molinaro eut comme assistant un certain Claude Sautet (qui a démarré lui aussi dans le polar), et l'excellente photo noir et blanc de Robert Lefebvre.
Tout cela fait du film une réussite, et qui forme un diptyque intéressant avec son troisième long-métrage, Un témoin dans la ville, lui aussi un polar, et qui sont à mille lieues de ce que fera le réalisateur durant sa carrière.