''On ne mange pas le diable sans en avaler les cornes'' Proverbe italien

Intro : pas mal de gens (sur le site ici) reprochent au réal de pas avoir été fidèle à l'Histoire ; c'est le problème des gens qui analysent ce qu'ils auraient voulu voir plutôt que de simplement regarder la proposition du réal ; des gens qui confondent tout, la vie et le cinéma. Je les invite à regarder cette masterclass de Tarantino face à une piètre journaliste. Mais en gros, à 2min50 Tarantino lui répond ''you're all messed up because you are talking about real life ; I'm talking about the movie''.

Amen, merci Quentin, oui je le connais ; c'est bon, je peux continuer ?

Ce film a été une pure claque cinématographique ; j'ai failli ne pas y aller à cause de critiques ici ; que j'aurais eu tellement tort ! Et je m'en serais tellement voulu de l'avoir louper dans une vraie salle de cinéma (merci le cinéma Le Brady de continuer de le programmer au moment de la rédaction de ce petit texte).

Je ne vas pas spoiler et je n'ai pas la plume des vraies critiques qui savent donner envie sans trop en dévoiler, donc un avis en mode bullet point :

- le scénario est brillant, Brillant, BRILLANT !!! Bravo à ces quatre mains pour cette pépite ; un héros écorché à vif qui ira jusqu'au bout de ces convictions ; qui met trop de perso dans le boulot mais qui est convaincu d'être seul contre tous, coûte que coûte. Si les ricains devaient acheter le film pour un remake, la fin serait tellement nulle et différente ; et chapeau au prod pour avoir défendu un récit de ce genre, et d'avoir laissé le réal aller (comme son héros) jusqu'au bout de ses convictions.

- la mise en scène est dingue ; l'image, les couleurs ; gros big up pour avoir autant travaillé les images d'époque, et les incrustations sur les vieilles tv, d'avoir filmé avec les vieilles caméras tri ccd ou d'avoir tendu vers ce rendu ; même à Hollywood ils ne savent pas faire aussi bien. Le côté poisseux crasse, mixé avec les zooms et une colorimétrie un brin des années 70, sans parler des scènes de nuit (le chef op a vraiment sculpté les ombres), c'est un festival pour les mirettes.

- le son aussi est incroyable, surtout le travail là aussi investi pour là encore sur les images d'archives (ou prise de vue réelle des journalistes au JT) ; franchement, ça fait des années que je n'avais pas vu un travail si minutieux et je me dis que derrière à la technique (au tournage et en post prod), putain les mecs se sont cassés le cul pour tendre vers cette perfection (je pinaille et beaucoup n'y feront pas attention ((je travaille pas dans le son)) mais bordel que c'est jouissif de voir que y a des techniciens de cinéma qui sont des putains d'orfèvres du son.

- la distribution : hyper couillu d'avoir pris le jeune Bajon mais choix très smart du réal ; et surtout c'est un rôle parfait pour sa transition professionnelle de vieille ado ou très jeune homme au passage de l'âge adulte. Sa back story est limpide, concise, on comprend le perso et j'ai roulé avec et pour lui tout du long. Le gars est au taquet sur toutes les scènes, il se donne à fond. Plein de très bon second rôle, un plaisir de les retrouver ; franchement c'est un casting 5 étoiles ; ceux qui se plaignent du make up (très bien fait au passage) du boss du flic, faites vous la même chose pour tous les méchants des films américains ; quant à son jeu, je vous répondrais 'et Kevin Spacey il en fait pas des caisses dans Se7en ? (un temps) bon alors, pétez un coup les gars'. Même les petits rôles sont soignés, y a des plans volés sur des figurants (lors du mariages) qui donnent vraiment l'ambiance de la vie et les conditions de ces gens, là aussi, une fois encore, brillantissime (ça se voit que le réal soigne à chaque séquence, tous les détails). Et plaisir de retrouver le fidèle au poste Jackie Berroyer, excellent (comme toujours) dans ce rôle qui lui va comme un gant (et encore un big up à l'équipe hmc que j'ai oublié, mais top moumoutte).

Je suis sorti sonné de cette projo mais bordel que ça a été un kiff (c'est pas pour toutes les âmes) ; j'aime aller au cinéma pour ressentir des émotions, que ce soit une comédie ou un drame et j'apprécie (j'en reviens à mes moutons) que le réal ait pu vraiment pousser son dispositif narratif et la trajectoire de son personnage à leur paroxysme (encore plus dans un monde de plus en plus politiquement correct).

C'est une tragédie, une vraie, assumée. Et si c'est too much pour certain-es, y a tjrs les Avengers sur les plateformes de streaming. Y a de moins en moins de gens qui font du vrai cinéma, là ça en est du pur et dur, donc c'est maintenant qu'il faut y aller.