« Le Doulos », c’est du pur Melville. Une histoire de truands sur l’amitié, l’honneur, et la trahison, dans une ambiance sombre et fataliste. La mise en scène est posée, le noir & blanc affuté, et les personnages aussi implacables que le récit. Ce qui donne lieu à quelques scènes mémorables.
Par ailleurs, Jean-Pierre Melville fait le choix de garder l’intrigue nébuleuse, pour distiller au fur et à mesure les vraies motivations des personnages. Certains n’adhèreront pas, d’autant que le film est lent au vu des standards actuels. Mais pour ceux qui seront captivés par l’ambiance fumeuse, ce choix narratif s’avère intéressant.
Il permet surtout de garder l’ambiguïté des personnages. Serge Reggiani campe un ex-taulard au bout du rouleau, qui est néanmoins plus dangereux qu’il n’en a l’air. Et surtout Jean-Paul Belmondo en indic (« doulos ») peu apprécié du milieu, aux actions violentes derrière un sourire charmeur. Et aux objectifs troubles, qui ne seront vraiment révélés que lors d’un dernier acte poignant.
Du très bon polar !