Tourments intérieurs
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le 5 mars 2017
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Si la filmographie d'Akira Kurosawa comporte son lot de grands films, « Le Duel silencieux » fait indéniablement partie des malheureux oubliés du grand public.
Ce duel silencieux, il concerne un médecin ayant contracté la syphilis lors d'une opération pendant la guerre, et qui doit choisir entre se soigner en silence ou bien laisser éclater sa passion pour celle qu'il a fait attendre pendant six longues années.
Ce médecin, qui incarne le traumatisme de toute une génération et qui souffre sous le poids de son amour et de son secret, personne ne le reconnaît depuis son retour du front, ni ne comprend son choix de rester à l'écart de sa promise, qu'il s'agisse de son vieux père gynécologue, des infirmières ou des habitués de la petite clinique dans laquelle il opère.
Cette petite clinique, elle est le lieu des contrastes : d'abord entre l’extérieur dévasté par la guerre et le lieu en lui-même, qui constitue un havre de paix et de protection pour ses patients, chaleureux, se sentant redevables et qui diffèrent des médecins et infirmières, écoutant aux portes et faisant face à leurs maux en silence, ne trouvant de répit qu'à travers la bonne humeur communicative des malades (qui jouent de la musique tard le soir, par exemple).
Cette musique, qu'elle soit diégétique ou non, elle se compose de mélodies tantôt joyeuses, tantôt mélancoliques, qui soulignent superbement la mise en scène d'un cinéaste alors au début de sa carrière.
Ce cinéaste, Akira Kurosawa, témoigne ici du désespoir mais surtout de la volonté d'aller de l'avant de la part d'une jeunesse écrasée, dans un contexte d'après-guerre. Il dirige alors pour la seconde fois Toshirô Mifune, ici déchirant de bienveillance dans le rôle d'un samouraï en blouse blanche torturé et Noriko Sengoku en apprentie infirmière dépassée par sa soudaine grossesse, décidant de tout donner pour la reconstruction d'une humanité qui en a besoin.
Cette humanité, elle transpire dans « Le Duel silencieux ». Ce n'est certes ni le chef-d'œuvre du réalisateur ni un grand film, les dialogues étant parfois très voire trop explicites, mais c'est un long-métrage réaliste, humble, d'où émane l'éternelle empathie d'Akira Kurosawa envers ses personnages, envers l'humain tout simplement.
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le 25 févr. 2017
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