C’est toujours un étonnement, quand on voit beaucoup de films, d’en trouver un qui sort de l’ordinaire et qui ne ressemble à rien de connu. C’est le cas de Femina Ridens, film qui n’a hélas pas eu de distribution en salle en France et qui n’est sorti qu’en vidéo sous le titre ridicule « Le duo de la mort ». Piero Schivazappa, son réalisateur est peu connu et a surtout œuvré pour la télévision italienne. Femina Ridens est son premier film et, pour un coup d’essai, c’est un coup de maitre !
Le film ne ressemble à rien de connu bien qu’il soit parfois catalogué comme un giallo, ce qu’il n’est pas du tout, mais il s’inscrit parfaitement dans l’air de son temps puisque les décors et le mobilier sont tendance Op Art, le clou du film étant la reproduction à l’identique de la statue « Hon » de Niki de Saint Phalle (voir la photo numéro 6 qui n’est donc pas une photo du film) gigantesque corps de femme (27m de long) au vagin denté dans lequel peuvent pénétrer les visiteurs.
Car le sujet du film est la peur de la castration, du corps et du pouvoir féminins, peur qui est le moteur des tourments que le docteur Sayer inflige à sa victime. Que mes amies féministes ne s’y trompent pas en voyant l’affiche du film, car par un revirement que je ne dévoilerai pas, le macho sera totalement anéanti à la fin du film.
Filmé avec beaucoup d’élégance, fort bien interprété par Dagmar Lassander et Philippe Leroy, ce dernier étant bien connu des amateurs de cinéma bis mais il ne faut pas oublier qu’il a tourné aussi avec de grands réalisateurs, Godard notamment puisqu’il tient le rôle masculin principal dans Une femme mariée (et je suis presque certain que l’un des plans du film est un hommage au film de Godard), Femina Ridens est une œuvre d'une richesse psychanalytique à découvrir absolument.