J'assume
Amélie Poulain, je défends sans honte. Comme Unfinished Sympathy de Massive Attack, ce film a le don de me mettre dans une petite bulle. Quand j'en ressors, je peux découvrir une cure contre le...
Par
le 26 oct. 2010
248 j'aime
33
Avril 2001. Tandis que le printemps voit la nature secouer le linceul hivernal et les nuages laiteux dessiner de jolies arabesques dans l'azur, Jean-Pierre Jeunet offre à nos yeux écarquillés le récit d'une jeune femme qui contemple la vie par le prisme onirique de l'imaginaire.
C'est alors qu'emporté par le talent de comédiens époustouflants, Audrey, Matthieu, Dominique ou encore Isabelle, le spectateur sent l'émotion lui éteindre le cœur comme un épicier simple poète écouterait le doux murmure d'une endive alanguie.
Le tableau brossé par ce talentueux réalisateur impressionne par sa maîtrise de petits instantanés quotidiens esquissés au pinceau. Tels des ricochets sur l'eau d'un canal, des personnages récurrents refont surface dans le monde à part de Jeunet et qui n'a pas la mémoire d'un poisson rouge se souviendra de Dominique Pinon, Rufus ou Ticky Olgado, véritable "gueules" qui habitent de truculents individus.
Une mosaïque de scènes ciselées se déroulent, pétries de jubilation sauvage et se nouent pour constituer une histoire d'amour entre deux rêveurs ballottés par les soubresauts intenses de la vie. Ces scènes, nous spectateurs, comme des photos matons. A l'instar d'un lettre perdue qui fait rejaillir des souvenirs enfouis, une douce nostalgie étreint le cœur lorsque des petits bonheurs éclairent le quotidien d'anonymes. Le rire surgit aussi souvent à l'évocation d'un grognon "tête à gnons" qui, mauvaise pâte, s'étouffe de crème de pieds qui lui en bouche un coin, tandis que le sel de la situation est recraché d'un souffle. Dans ce jardin du bonheur, c'est le périple géant d'un nain voyageur qui trouble les sens d'un père distant. Dans ce bar des habitués, c'est le fou rire assuré lorsque les verres vibrent à l'unisson des amants. Dans cet immeuble, c'est par la transparence du verre qui fragilise les os mais lit les cœurs que le tableau de sa vie sera révélé à Amélie. Dans ce photomaton, c'est la clé de l'énigme qui s'offre au spectateur, bien loin des clichés habituels. Dans cette chambre, c'est l'amour qui se concrétise tendrement, comme un baiser léger posé délicatement sur la nuque dans un souffle d'air tiède.
Au son d'instruments envoûtants, blanches et noires de pianos chaleureux, touches nostalgiques d'accordéon, douces cordes de violons, clochettes tintinnabulantes, cuivres ronflants de vibrations positives, c'est tout un monde musical qui se constitue autour des images et subliment celles-ci dans un tourbillon chatoyant d'émotions contradictoires.
Dans ce Montmartre rêvé, c'est Jean-Pierre Jeunet qui emporte le spectateur dans une vie imaginaire faite de mille et un clins d’œil. Elle parle à qui veut ouvrir son cœur pour lui permettre de recevoir tout le bonheur que le réalisateur peut y déverser. Ce film est un baume contre les bleus de l'âme.
Et vous, êtes-vous prêts à sauter la barrière pour embrasser la vie ?
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ces films qui m'ont tiré une larmichette..., et Les meilleurs films de Jean-Pierre Jeunet
Créée
le 22 nov. 2014
Critique lue 424 fois
8 j'aime
D'autres avis sur Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain
Amélie Poulain, je défends sans honte. Comme Unfinished Sympathy de Massive Attack, ce film a le don de me mettre dans une petite bulle. Quand j'en ressors, je peux découvrir une cure contre le...
Par
le 26 oct. 2010
248 j'aime
33
Le film qui m'a fait découvrir les sot-l'y-laisse. Donc 10/10. Bon trève de plaisanterie, je me dois de rédiger une "vraie" critique d'Amélie Poulain. Après l'avoir vu 5 fois, je crois que je m'en...
le 24 sept. 2011
198 j'aime
41
Tiens, une petite critique rétrospective. En sortant de la salle en 2001, j'aurais mis 8 voire 9. Mais avec le temps, je me suis ravisé. Une seule chose aura eu le don de m'agacer rétroactivement...
Par
le 7 avr. 2011
119 j'aime
18
Du même critique
J'avais depuis bien longtemps entendu parler de ce film devenu culte. Pourtant amateur de science-fiction, je n'avais jamais eu l'occasion de le regarder. C'est chose faite depuis ce soir. Le moins...
Par
le 19 avr. 2014
87 j'aime
13
Guillaume Gallienne est un acteur que j'apprécie beaucoup. Sa sensibilité à fleur de peau et la justesse des courtes interprétations, masculines ou féminines, qu'il livrait dans sa rubrique sur Canal...
Par
le 26 nov. 2013
65 j'aime
10
Vous qui venez ici mirer grande aventure, Vos yeux écarquillés verront la belle allure, D'Armand de Maupertuis au verbe fier et haut Et de Don Lope y Sangrin Hidalgo. Goupil et loup ensemble font...
Par
le 22 avr. 2012
59 j'aime
16