Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain par Gérard Rocher La Fête de l'Art

La Bande Originale de Yann TIERSEN pour se mettre dans l'ambiance ;
https://www.youtube.com/watch?v=XozzZ8451Aw




Tout n'a pas été très facile durant l'enfance de la petite Amélie Poulain. Le père n'a de véritables contacts avec sa fille qu'au cour d'examens médicaux et se persuade qu'Amélie pourrait avoir un problème cardiaque. La mère, qui périodiquement va allumer un cierge à Notre Dame de Paris dans l'espoir que le Seigneur "offre" un petit frère à sa fille, reçoit sur la tête pour tout message du Bon Dieu une touriste canadienne dépressive tombée du haut d'une tour. La maman de la fillette est tuée sur le coup. Devenue femme, Amélie travaille comme serveuse dans un petit café de Montmartre. Elle est appréciée de tous d'autant qu'elle est devenue innocemment une véritable petite fée pour ceux qui la côtoient. Elle a gardé de son enfance les plaisirs simples. Elle entre par hasard dans la vie des gens, les comprend, leur apporte du bonheur et parfois du réconfort. Son bien-être passe bien après celui des autres et même sa rencontre pour le moins chaotique et énigmatique avec son petit ami reste en pointillés. En fait, tous les évènements vécus par Amélie depuis sa petite enfance sont en grande partie dus à son caractère facile mais aussi au hasard. Heureusement pour elle et pour beaucoup d' autres...


C'est un drôle de fabuleux destin que celui d'Amélie. Si l'on constate le plus souvent qu'un être est marqué par le vécu de son enfance, la jeune fille en a uniquement gardé les bons côtés, elle qui n'évoluait pourtant pas au sein d'une famille des plus joyeuses. C'est dans une vie bien ordonnée et sans grand relief que se passèrent les journées d'Amélie enfant avec parfois leurs joies, souvent leurs tracas et, comme point d'orgue l'accident peu banal survenu à sa très pieuse maman. Devenue femme, loin d'être blasée ou envieuse, Amélie n'aime que les plaisirs simples. Elle s'est aussi fixée un but dans son existence: celui de faire plaisir autour d'elle et d'aider les gens qu'elle juge en difficulté. C'est alors que, serveuse dans le petit bar montmartrois, elle observe les clients et trouve souvent une solution à leurs difficultés grâce à son imagination débordante. Sortie de son univers de travail, cette imagination continue à vagabonder afin de venir en aide à ceux qui sont seuls ou brimés. C'est ainsi que pour parvenir à ses fins, elle invente les stratagèmes les plus inattendus pour que les voeux de ses "protégés" se réalisent. Elle y parvient et cela donne une certaine fierté et une joie toute naturelle à cette insolite jeune femme. Toutefois la vie sentimentale d'Amélie n'est pas aussi simple. Elle aurait une certaine attirance pour un jeune homme, Nino. Elle l'observe, le rencontre dans les endroits les plus insolites, notamment dans un train-fantôme, dans un sexe-shop ou en rôdant autour de cabines photomaton. Elle imagine alors de terribles scénarios et de ce fait n'ose l'aborder. Toutefois, tout en espionnant son énigmatique amoureux, Amélie continue inexorablement à semer le plaisir et le réconfort autour d'elle.


J'ean-Pierre Jeunet, déjà réalisateur d'excellentes production comme "La cité des enfants perdus" ou "Indélicatesse" entre autres, nous a livré un film d'une folle originalité avec cette Amélie Poulain. Il a inventé un personnage assez atypique, un genre d'adorable petite fouineuse d'un optimisme à toute épreuve au regard vif et coquin. Face à elle, une galerie de portraits tous plus communs les uns que les autres , mais qui dépeint son environnement avec une telle tendresse et avec parfois un tel fond d'ironie que l'on ne peut tomber que sous le charme de ces êtres tout simples. Le père d'Amélie très bien incarné par Rufus, l'homme de verre philosophe, excellemment interprété par Serge Merlin sont aussi touchants et émouvants que Lucien, le petit commis épicier maltraité par son patron et joué avec talent par Jamel Debbouze. Le petit café d'Amélie est un cadre idéal pour observer la vie quotidienne et les habitudes des clients. Jean-Pierre Jeunet ne se prive pas de nous présenter une flore en mal de vivre, angoissée, complexée ou jalouse, tel le couple infernal représenté par Isabelle Nanty et Dominique Pinon. Puis la baguette magique d'Amélie va les transformer et leur apporter le goût de vivre au cours de scènes teintées d'un humour assez irrésistible. Et puis, il y a Mathieu Kassovitz, le personnage suspect du film, tellement bizarre et hors du commun qu'Amélie, d'abord intriguée, le portera discrètement dans son coeur. Amélie, justement, offre à Audrey Tautou un rôle tout à fait particulier de petite fée toujours présente au bon moment. Elle se montre tendre, effrontée, farceuse, amoureuse et tellement sincère avec son joli minois et sa ténacité communicative. Indiscutablement, je la trouve exceptionnelle dans ce personnage qui restera gravé dans l'histoire du cinéma. Le réalisateur nous offre des trouvailles dans cette simplicité ambiante. La perception du personnage si attachant d'Amélie est magistralement rendue et l' humour caustique bien venu. La poésie que dégage ce joli manège au pied de la Butte, le parcours guidé que suit Amélie pour découvrir son amoureux, les téléphones s'adressant la parole sont autant de trouvailles qu'il est difficile de toutes les énumérer. Et puis, bien sûr, tout au long de cette tendre aventure, nous sommes bercés et envoûtés par cette musique inoubliable de Yann Tiersen, laquelle ajoute un climat de gaieté puis d'émotion et de tendresse à cette oeuvre remarquable.


En conclusion, Jean-Pierre Jeunet nous offre un film d'une folle originalité et en marginalité complète de la mode d'un certain cinéma actuel. Il nous amène une bouffée d'oxygène extraordinaire et plein de bons sentiments dans un climat de mystère, de tendresse et de nostalgie. Ce chef-d'œuvre est une véritable potion magique.


Ce film a obtenu en 2002 :



  • César du meilleur film 2002

  • César du meilleur réalisateur 2002 pour Jean-Pierre Jeunet

  • César de la meilleure musique de film pour Yann Tiersen

  • César du meilleur décor pour Aline Bonetto


Ce film a obtenu en 2001 :



  • Élu film Européen de l'année

  • Prix public au Festival du film de Toronto

  • Globe de cristal au Festival international du film de Karlovy Vary

Créée

le 28 août 2014

Modifiée

le 21 mai 2013

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