Démarrant comme un film social avec une Maïté en proie aux tentatives de viol conjugal d'un mari alcoolo-suicidaire, le Fabuleux destin de Madame Petlet (quel plagieur ce Jeunet !) dérive ensuite vaguement vers la comédie, ambiance la bouseuse monte à la grande ville où elle découvre qu'il existe des femmes noires et des punks qui volent en toute impunité des chamallows dans les boulangeries.
Hébergée par sa fille et son gendre qui ne se prive pas de lui faire remarquer qu'elle prend de la place, Madame Petlet (prononcez "pète les") décide de postuler comme baby-sitter auprès d'un jeune couple dynamique (Jean-Pierre Darroussin et Camille de Casabianca, par ailleurs réalisatrice du film) qui n'a vraiment pas le temps de s'occuper de Nestor, leur jeune enfant, et l'embauche donc sur le champs. La solide provinciale devient rapidement bonne à tout faire (elle vous prépare de l'artichaut pour le goûter), partage sa sagesse populaire avec de jolis mantras comme "faut manger pour rester dans la vie" ou "c'est j'te passe la main par devant et j'te crache au visage par derrière" (ce qui est quelque part un bel exploit) et se confie sur les drames et tourments de sa vie dans son bled natal.
Et c'est ce dernier point qui intéresse particulièrement sa patronne, scénariste de série télé en pane d'inspiration. Repompant sans lui avouer sa biographie pour alimenter son nouveau feuilleton qui devient un hit immédiat (car il parle aux vraies gens qui n'habitent pas Paris), le drame survient quand le pot aux roses se brise sur le tarmac du réel. Plébiscitée par la foule, sollicitée par le monde de la télé, courtisée par Gérard Hernandez, pourchassée par son mari à béret qui prévoit de lui en coller une ou deux pour la ramener à la raison et à la maison, Madame Petlet saura-t-elle rester elle-même et continuer à mitonner du lapin aux pruneaux dès le réveil ? Suspens insoutenable !
Bon, ne survendons pas non plus le film qui ne doit sa réputation dans les cénacles déviants qu'à la présence de Maïté dans le rôle-titre. Il est effectivement rigolo de retrouver notre mousquetaire de la cuisine avec son accent chantant en proie à toutes les obsessions des autres personnages. Elle ne s'en sort pas si mal que ça, même si on n'a pas vraiment l'impression d'un rôle de composition. En tout cas, elle brille de mille feux à côté de la prestation patate de Camille de Casabianca qui semble hésiter entre Hélène et les garçons ou Rohmer dans le ton à donner à son jeu (dans le making-of minable qui accompagne le film, elle encourage Maïté en lui disant qu'elle-même ne sait pas jouer !).
Le fabuleux destin de Madame Petlet est donc une comédie gentillette et oubliable, malgré une mise en boite sympathique du monde de la télé et de ses mots-valises marketeux (ici, le "bouldum", concept irrigateur attendu par tous sans que personne ne parvienne à le déchiffrer) et de ses faux-semblants (Michèle Laroque est pas mal dans le rôle de productrice vipère), et elle donne lieu à quelques caméos d'époque (PPDA, Bernard Montiel). Belle image d’Épinal également de nos campagnes, avec ce village rempli d'hommes à bérets (la scène du bar fait presque peur) qui encouragent vaillamment le mari Petlet à être un vrai bonhomme et à cogner sa femme. Le dernier tiers du film perd néanmoins complétement les pédales en balançant simultanément toutes ses trames scénaristiques dans une grande confusion dont il ne sait plus comment se dépêtrer.
A voir pour être complet sur la filmo de Maïté, en complément de Maïté mange un ortolan et en attendant de chopper l'épisode de Van Loc dans lequel elle apparait !