Est-ce parce-que j'avais vu récemment le premier film de Visconti : Ossessione, Les Amants diaboliques, adapté trois ans auparavant, en 1943, du même James Caïn, que j'ai trouvé la version de Garnett on ne peut plus surfaite et Hollywoodienne?
Sans doute, et j'ai dû faire un réel effort pour m'habituer à la sophistication poussée à l'extrême d'une Lana Turner blonde et tirée à quatre épingles, impeccablement coiffée en toutes circonstances, évoluant sur ses talons aiguille dans un tailleur blanc immaculé, très apprêtée et semblant toujours sortir d'une boîte.
J'avais aimé le côté sauvage, passionné et intense du couple Viscontien, le réalisateur ayant axé son histoire sur les personnages, leurs pulsions, leurs élans, leurs frustrations physiques, avec une noirceur de ton et un pessimisme très représentatifs déjà du néoréalisme, en ce sens le film américain s'inscrit dans un tout autre registre, et si l'on retrouve les grandes lignes de l'histoire, la passion n'en est plus le moteur principal, infiniment moins charnel et instinctif que celui du cinéaste italien.
Cela étant la comparaison ne pouvait qu'être intéressante : une réalisation soignée un peu trop sage et trop lisse à laquelle il manque pour moi la folle sensualité et le jusqu'au-boutisme des Amants diaboliques.