Voici non seulement l'un des meilleurs films de Dino Risi (co-écrit par Ettore Scola), mais aussi sans aucun doute l'un des plus typiques de la "comédie à l'italienne". On désigne sous cette formule des films qui ont l'apparence et les caractéristiques de la comédie, mais qui derrière ce paravent de rire et de sourire, par le biais de la fantaisie et de la satire, dénoncent des comportements sociaux et des attitudes morales. Le Fanfaron illustre donc parfaitement cet état d'esprit, c'est le savant mélange d'un florilège de situations drôles et de personnages pittoresques avec une certaine gravité, même si l'aspect comique reste dominant, en grande partie grâce au talent de cabotin génial de Vittorio Gassman. C'est un beau parleur play-boy au volant d'un coupé sport, qui est exubérant, volubile, sans-gêne, entreprenant, indiscret et astucieux ; bref, une typologie du Latin. Le personnage de J. L. Trintignant est tout le contraire : timide, réservé, timoré, sérieux, coincé, il constitue un faire-valoir idéal pour ce hâbleur de Gassman, le duo d'acteurs se complète et leur opposition fonctionne à merveille.
Par définition, la comédie à l'italienne est insolente et subversive, et le Fanfaron trouve la juste mesure pour ne pas sombrer dans la vulgarité ou la facilité. Le caractère dramatique de la fable survient progressivement pour basculer soudain dans le tragique, le rire s'étrangle tout d'un coup dans un épilogue triste mais qui fait mesurer rétrospectivement au spectateur ce qu'avait de grave et de touchant la succession d'épisodes comiques qui ont précédé.
J'avoue que certains films de la comédie à l'italienne ne m'ont pas toujours séduit, mais celui-ci figure très haut dans mon appréciation, tout comme le Pigeon.