Chef d’œuvre de Dino Risi, Le Fanfaron a été pour moi une énorme surprise. Bien plus qu'une simple comédie divertissante et parfois burlesque, ce film met en scène deux personnages que tout oppose, mais qui s'attirent, créant une relation nocive et sans aboutissement.
Les deux protagonistes, brillamment interprétés par Vittorio Gassman et Jean-Louis Trintignant, sont à la fois expressifs et attachants. La voix off du personnage de Trintignant contredit totalement ses actes ; d'une manière assez burlesque, il cède à l'emprise de Bruno comme s'il signait un pacte avec le diable.
La Fanfaron s'inscrit assez clairement dans un versant italien de la Nouvelle Vague ; le personnage de Bruno me rappelle par moments, de par son assurance mystérieuse, le personnage incarné par Burt Lancaster dans Le Plongeon. J'en profite d'ailleurs pour recommander vivement cette petite pépite du Nouvel Hollywood, qui est trop méconnue.
La fin sur un accident mortel de voiture inspirera très certainement le Nouvel Hollywood et les road movies qui associés, à commencer évidemment par Easy Rider, ou plus tard Thelma et Louise, dont le sacrifice témoigne de leur fougue.
Le Fanfaron est assez déroutant, car il joue avec les pensées du spectateur. Le personnage de Bruno nous fait une très mauvaise première impression, on lui en veut de forcer la main à Roberto, qui est si studieux. Ses fanfaronnades sont néfastes à notre personnage principal sérieux et droit. Puis, peu à peu, on se dit que Roberto semble libéré du carcan social dans lequel il se renfermait, et que ces quelques jours passés avec Bruno lui attribueront peut-être une forme d'émancipation.
J’aime beaucoup la façon qu’a le final de laisser penser que Bruno a fini par avoir sur Roberto une influence bénéfique, avant de nous retirer brutalement cette pensée à la fin de leur course finale. On peut alors s'accuser d'avoir viré de bord, de s'être laissé aller à la volubilité induite par le comportement de Bruno, et les dangers qu'elle génère. Ce dénouement est logique, tout en étant un coup de génie.
Le Fanfaron s'avère être un savoureux mélange de comédie et de drame social. Ce film aborde intelligemment les questions des bénéfices liés à l'insouciance ou la vie de bohème, ou la signification concrète de "profiter de la vie". Des réflexions ambitieuses dans un film spontané et efficace.