Rome, un quinze août dans les années 1960. La ville semble bien plus prospère qu'à la décennie précédente mais impossible pour Vittorio Gassman de trouver un bar ouvert. Passer un coup de fil est d'ailleurs presque aussi difficile mais l'étudiant bourgeois Jean-Louis Trintignant a la bonne idée de laisser sa fenêtre ouverte et permet dans le même temps au grand brun d'entrer dans son appartement pour tenter un appel (qui évidemment échoue).
Nous voilà embarqués pour un road trip dans la campagne romaine, au volant d'une superbe Lancia Aurelia, l'occasion de se rappeler qu'à une époque, Lancia savait construire des voitures correctes. Les différentes rencontres et situations auxquelles seront confrontés nos deux hommes vont nous permettre de remarquer que tout oppose ces mâles italiens. Seule leur incapacité à aborder les femmes (en revanche, pas pour les mêmes raisons) semble les réunir.
Si l'ancienne Italie de Jean-Louis Trintignant n'est pas épargnée, le jeune homme se réfugiant dans les études de droit par mimétisme social et par peur de rompre avec les traditions familiales, la nouvelle Italie consumériste des années 1960 n'apparaît pas forcément plus reluisante. On y voit forcément une importance démesurée de l'argent (on insulte ou se moque de ceux qui n'ont pas les moyens de s'acheter une voiture, on est incapable de parler d'autre chose que de finance au restaurant), une suffisance imbécile (on s'endort devant la culture) et surtout une incapacité à honorer ses obligations (aussi bien financières que familiales).
Très clairement, il est difficile de savoir lequel des deux personnages est pire que l'autre. Vittorio Gassman n'est en réalité qu'un alibi pour Jean-Louis Trintignant de questionner et remettre en cause les interdits que son éducation lui a posé. A l'inverse, la sympathie initiale pour la bonhomie de Vittorio Gassman (qui peut détester un gars qui se plaint de ne pas trouver un bar alors qu'il fait chaud?) s'étiole au fur et à mesure qu'on découvre son inhumanité, son incapacité à élever sa famille et gérer ses finances, ou encore son machisme vulgaire.
Tout ceci est parfaitement réalisé. Dino Risi nous livre une peinture ultra réaliste et tout aussi énergique de l'Italie des sixties, sur fond de tubes musicaux festifs de l'époque.
Il reste que cette parenthèse aoutienne ne pouvait que mal se terminer. Jean-Louis Trintignant a eu l'occasion à de multiples reprises de laisser tomber son exubérant compagnon, mais sa timidité et son goût pour l'initiation demeureront au dessus de tout, jusqu'à la fin.