- Pourquoi es-tu venu ?
- Je suis venu réclamer ce qui m'a été pris. Ma femme, Cat Dancing, de la tribu Shoshone. Mes enfants sont nés après Sand Creek... et les guerres sioux et cheyennes. Quand ma femme est morte, Couteau de Fer a emmené mes enfants ici. Je suis venu les chercher.
Initialement proposé à des cinéastes comme Steven Spielberg, Brian G.Hutton, William Norton... c'est finalement Richard C.Sarafian qui réalise Le Fantôme de Cat dancing, un western singulier et original apportant une vision fantasmagorique violente à une histoire d'amour. Adapté du best-steller de Marilyn Durham, l'intrigue présente un gang de braqueurs de train s'enfuyant après avoir volé un butin de 100 000 dollars, contraint après quelques circonstances à kidnapper une jeune bourgeoise, qui elle-même tentait de fuir son mari. C'est ainsi qu'après avoir subi un paquet de harcèlement, dont trois tentatives de viol dont une qui réussit, que la jeune harcelée va tomber amoureuse du chef des ravisseurs. Syndrome de Stockholm nous voilà.
Si vous recherchez un western explosif, celui-ci n'est clairement pas fait pour vous. Il manque de rythme et de panache. Pas de duel aux pistolets, malgré quelques séquences intéressantes comme le long duel au corps-à-corps dans le village fantôme. D'ailleurs le tournage sera interrompu pendant une semaine lorsque la star du film se blessera sur le tournage lors d'une cascade dans le fameux combat, puisque le comédien voulait à tout prix faire les cascades lui-même.
Le récit se révèle avant tout être une romance, une grande histoire d'amour avec des proportions très cyniques. Le titre du film " Le Fantôme de Cat Dancing " fait référence au nom de la première épouse Squaw ( femme indienne, en Amérique du Nord ) décédée des années plus tôt, du personnage principal Jay Grobart incarné par Burt Reynolds. Une histoire tragique qui construit entièrement le rôle de Reynolds, constamment harcelé par ce fantôme du passé. Sarah Miles sous les traits de Catherine Crocker, incarne une femme un peu bête sur les bords qui n'a décidément pas de chance. Elle possède une notion du véritable amour qui me laisse perplexe, néanmoins elle parvient à être attachante. En tout cas, bravo à la comédienne qui ne se ménage pas tout du long, se retrouvant souvent la poitrine à l'air.
Le film repose entièrement sur Burt Reynolds et Sarah Miles, qui parviennent brillamment à incarner un grand couple cinématographique romantique comme j'en ai rarement vu dans les westerns. Ils sont touchants et vont bien ensemble. Leurs relations sont assez crédibles, se focalisant sur un amour créé dans la dualité, la fuite et le sang. Un sombre et tragique passé commun qui va les réunir pour le meilleur et pour le pire. Une relation traitée avec beaucoup de maturité, mais aussi de violence. Il est dommage que le film s'endorme par moments, car avec de meilleures péripéties, on aurait pu avoir une grande oeuvre. Si le genre " histoire d'amour " vous fait peur, rassurez-vous, c'est très loin d'être simplet. Les personnages sont nuancés. Les lourds secrets qui les entourent sont durs, choquants et immoraux, de quoi faire réfléchir. On retrouve également une panoplie de comédiens intéressants à suivre comme Willard Crocker, George Hamilton, Lee J. Cobb, Harvey Lapchance...
Visuellement ce n'est pas mal, proposant des panoramas du désert satisfaisant, avec une mise en scène réussie sur quelques plans. Il se dégage tout du long une aura malaisante appréciable, malheureusement atténuée par le thème musical principal. Michel Legrand au départ envisagé pour composer la partition musicale du film, laisse après divergence artistique sa place au grand John Williams, qui livre un travail très décevant. Je n'arrive pas à comprendre cette composition, que certains considèrent comme superbe. Le Fantôme de Cat Dancing traite d'une histoire d'amour dans un contexte très violent, ne laissant aucune place à l'aventure, ni à l'amusement. Pourtant, en entendant la partition musicale, on a l'impression d'assister à un western coloré et souriant invitant à chevaucher à toute vitesse vers le soleil couchant. C'est idiot, cela déconstruit continuellement l'atmosphère pesante d'une séquence. Imaginez mettre la musique des Dents de la mer pour le film Les Bronzés font du ski, cela ne serait pas du tout conforme. Un foirage total de la part de John Williams.
CONCLUSION :
Le Fantôme de Cat Dancing est une histoire d'amour violente made in western réalisé par Richard C. Sarafian, qui propose un récit simple et complexe à la fois qui aurait pu devenir une grande oeuvre si toutes les dispositions avaient été mises en place pour appuyer le superbe couple que forment Burt Reynolds et Sarah Miles. Un film d'acteurs, avec deux comédiens livrant une belle performance, mais si j'émets tout de même quelques réserves sur une ou deux scènes.
Comme disait si bien Gainsbourg : " Un poison violent, c'est ça l'amour. Un truc à n'pas dépasser la dose. "