Il s'agit de la première adaptation cinématographique du roman de Gaston Leroux, celle avec Lon Chaney, la plus "classique". Et sa réputation est loin d'être usurpée.
Piranese, Gustave Doré : dès les premières secondes, on est happé par les perspectives envoûtantes et les éclairages outrés. Le chef opérateur avait travaillé pour l'opéra de Paris, et ça se VOIT.
Le film est un véritable festival de trouvailles visuelles : les ombres portées de ballerines apeurées qui courent dans des couloirs. La séquence en barque dans les égoûts avec les arcades faisant des effets d'écho. L'apparition du masque hideux de Chaney, qui fait son effet. Le jeu sur les plastrons de smoking dans la pénombre des égoûts.
Le fantôme de l'opéra est cependant un film composite. On retrouve des passages dérangeants de l'oeuvre de Leroux, notamment la salle de torture aux miroirs, les meurtres avec un lacet du Pendjab. Cependant, au début, on trouve aussi du slapstick à base de trappes et de coup de pied au cul, et je veux bien que ce soit les codes du muet, mais certains acteurs surjouent vraiment. Beaucoup. Enfin, les scènes où Chaney se dévoile avec son masque tirent vers l'horreur.
Il n'empêche que ce film, en dépit de quelques défauts, est une orgie visuelle pour celui qui aime les décors gothiques et labyrinthiques.
A noter une fin très expédiée, voire bâclée : le fantôme est jeté dans la Seine, merci-au-revoir.
Synopsis : Un opéra change de gestionnaires. On dit qu'un fantôme sans nez y rode, il terrorise les ballerines. Il menace toute chanteuse qui ferait de l'ombre à la belle Christine Daae, dont est épris Raoul de Chagny. Une rivale, Carlotta, brave les menaces : le lustre géant lui tombe dessus.
Raoul a peur pour Christine. Dans la loge de celle-ci, le fantôme fait pivoter un miroir et dit à la jeune femme d'y entrer. Raoul n'arrive pas à les suivre. Le fantôme emmène Christine par-delà un lac noir souterrain jusqu'à son luxueux repaire. La jeune femme s'évanouit après qu'Erik/le fantôme ait avoué son amour. Elle se réveille dans une chambre remplie d'objets luxueux. Il joue pour elle, mais elle ne résiste pas à lui enlever son masque, révélant un visage hideux. Par amour, il la laisse regagner son monde, sur sa promesse de ne jamais revoir son amant, mais elle veut profiter du bal masqué de l'opéra. Pendant sa représentation, Erik la kidnappe, avec le petit-ami et son frère sur les talons. Ils déclenchent une alarme et tombent dans la chambre des miroirs, une salle de torture. Erik les fait rôtir pour forcer Christine à se déclarer sienne.