Tout est parti de la critique du film "Le fantôme de l'opéra" de Rupert Julian sorti en 1925 écrite par un de mes éclaireurs (BigDino). Je me suis dit qu'il était temps, pour moi, de revenir sur ce roman de Gaston Leroux et de l'adaptation que j'avais vue dans les années 90 à la télé et que j'avais appréciée.
Jusqu'à maintenant, je n'avais réussi à mettre la main que sur l'adaptation de Brian de Palma en 1974 dans "Phantom of the Paradise" et celle de Joel Schumacher en 2004. La première est très "opera rock" comme c'était la mode dans les années 70. C'était pas mal (il faut quand même aimer le rock) mais ça reste très, très éloigné de ce que j'avais vu à la télé. Quant à la version Schumacher, je déteste. L'action est transposée dans un "opéra dit populaire" et les protagonistes sont des chanteurs. On est clairement dans la comédie musicale avec des chanteurs sans grand talent (pour mon goût), des chansons niaises et une musique qui est une variation du même air de diverses façons pendant plus de deux heures. La voix d'Erik est à chier et celle de Christine pas terrible.
Je me doutais que l'adaptation que j'avais vue dans les années 90 était le téléfilm de Tony Richardson en deux parties avec Burt Lancaster que j'avais vainement cherchée pendant plusieurs années. Et là, miracle, j'ai trouvé le téléfilm sur Amazon ! C'est quand même assez curieux, qu'il n'y ait – à ma connaissance – jamais eu la moindre adaptation en France du roman de Leroux.
La version de Tony Richardson a été tournée en France avec un casting mi-américain, mi-français et présente le grand intérêt (pour moi) de pouvoir apprécier de vrais extraits d'opéras comme Norma, La Traviata et surtout le Faust de Gounod.
Le scénario du film s'éloigne significativement du roman, construit comme une enquête policière, un peu fantastique, démontrant l'existence du fantôme qui vivait dans les sous-sols de l'opéra Garnier au début du XXème siècle à travers l'histoire d'un triangle amoureux Christine/ Erik/ De Chagny … Le scénario, établi par Kopit, à partir d'une comédie musicale elle-même inspirée du roman, ne retient en fait que l'aspect romantique, légèrement fantastique, de l'œuvre et encore en la dramatisant … Mais, ça me va bien …
Si je comprends bien ce que j'ai lu du film muet de 1925 (que je ne connais pas), on insistait alors beaucoup plus sur les aspects fantastiques des sous-sols de l'opéra et de l'aspect du fantôme…
Pour revenir au film de Richardson, je qualifierai la distribution d'étonnante mais, en fait, très satisfaisante avec :
Burt Lancaster dans le rôle de l'ancien administrateur de l'opéra viré mais qui entretenait des relations "apaisées" avec le fantôme. C'est un personnage fondamentalement bienveillant.
Charles Dance dans le rôle d'Erik, le fantôme, rend toute l'ambiguïté du personnage entre sa passion pour l'opéra et le personnage de Christine : il est moins violent que dans l'adaptation Schumacher. Au final, il est surtout, ici, très attachant.
Teri Polo dans le rôle de Christine
Spoiler : (et de la mère d'Erik qui était elle-même cantatrice et lui a transmis tout son amour de l'opéra avant de mourir)
C'est une actrice que je connais peu mais qui, ici, joue avec finesse et sobriété son personnage.
D'autres acteurs clés sont intéressants comme Jean Rougerie comme factotum, Jean-Pierre Cassel dans le rôle du mélomane commissaire de police et Andrea Ferreol dans le rôle de la Diva, égocentrique et, évidemment, rivale et jalouse de Christine …
Aucun des acteurs ci-dessus n'a d'aptitude à chanter l'opéra mais je n'ai pas réussi à trouver qui double les acteurs et qui chante le rôle de Christine. J'aime beaucoup le timbre de sa voix que je trouve très pur et j'ai franchement adoré le fameux trio du dernier acte de Faust "Anges purs ! Anges radieux !". Si un éventuel lecteur, bienveillant, peut m'aider à trouver le nom de celle qui double Teri Polo, je suis preneur.
Au final, c'est, certes, un téléfilm avec une couleur – parfois, un peu vacillante – mais avec un son excellent. Les décors et les costumes sont parfaitement adaptés à l'époque de l'action. Pas de tape à l'œil ni de sensationnalisme dans la réalisation : juste de l'efficacité. Là encore, c'est beaucoup plus agréable que la version Schumacher très speed et très kitsch avec des costumes hideux.