Selon la légende, c'est au cœur de l'opéra de Paris qu'un fantôme hanterait les coulisses et effrayerait les artistes, dirigeant et spectateur. Mais un beau jour, la réalité prend le pas sur la légende et un fantôme menace la direction si une jeune cantatrice n'obtient pas le premier rôle dans une pièce à venir... Puis d'étranges incidents surviennent.
Deuxième adaptation de l'oeuvre de Gaston Leroux après celle réalisée en 1916 par Ernst Matray, Rupert Julian nous emmène dans l'opéra et ses coulisses suivre ce fantôme sur lequel il laisse planer le mystère pendant une bonne partie du film. Il met peu à peu son intrigue en place avec une angoisse qui se fait de plus en plus forte plus les agissements du fantômes le sont, jusqu'à enfin confronter les deux protagonistes et mettre en place un triangle amoureux entre une jeune femme d'abord fascinée puis effrayée lorsqu'elle découvre le fantôme, ce dernier que Rupert Julian rend torturé et fascinant et enfin Raoul de Chagny, un vicomte amoureux d'elle.
Rupert Julian mêle plusieurs genres avec brio, faisant de son film un mélodrame fantastique, romantique et angoissant. L'histoire est assez classique mais traitée efficacement et presque 90 ans après sa sortie, le film n'a rien perdu de sa puissance et de ses émotions. Bien rythmé, le film nous tient en haleine de bout en bout, Julian met en place un suspense tout le long présent, la tension est réelle lorsqu'il le faut et il sait rendre son film touchant. Il nous transporte dans cet opéra et met en place une atmosphère lourde et fascinante.
"Le fantôme de l'opéra" bénéficie aussi d'une excellente reconstitution, que ce soit pour les scènes du bal ou celle dans les bas-fonds de l'opéra, les décors sont incroyables, faisant parfois penser à des tableaux avec des personnages évoluant à travers ceux-ci. Le couple formé par la magnifique Mary Philbin et Lon Chaney fonctionne parfaitement. Ce dernier crève l'écran à chacun de ses apparitions grâce à une incroyable présence et un maquillage novateur et réussi. Il retranscrit bien le mal être et la torture intérieur de son personnage.
Un classique à la hauteur de sa réputation, mélange d'horreur et de romantisme avec puissance et intensité. Magnifié par d'excellents décors et interprétations, le roman de Leroux connaîtra plusieurs adaptations plus ou moins respectées que ce soit sous la direction de Dario Argento, Brian De Palma, Joel Schumacher ou encore Arthur Lubin.