Hitchcock s'écarte un peu de son registre et de son style habituels pour s'aventurer dans le semi réalisme social. Pour ce faire il adopte une réalisation plus sobre qu'à son ordinaire afin de coller viscéralement au déroulement des faits dans un souci d'authenticité quasi documentaire. Le procédé fonctionne, cette injustice froide et implacable classiquement mise en scène nous happe du début à la fin sans avoir besoin de rajouter des effets de manche Hitchcockiens qui auraient surchargé le tableau.
Le réalisme des situations et des personnages participe de manière poignante à la crédibilité de l'intrigue, les seconds rôles notamment poussent la vraisemblance jusqu'à en devenir oppressants. Vera Miles auteure d'une grosse performance confère à l'ensemble une dimension psychologique supplémentaire, Fonda tout en humilité fait le job mais aurait gagné à être un peu moins apathique et abattu devant l'intensité du drame. Bref un aparté filmographique réussi pour Hitchcock qui va jusqu'à brider ses exubérances stylistiques pour mieux servir son sujet.